Aller au contenu

Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
Les veillées

de ne pas manquer au rendez-vous. On se rendit ensuite au réfectoire où la cloche appellait les nones. On n’y mangea pas beaucoup, grace à l’impatience qu’avoit le Chaton des plaisirs qu’il promettait de faire goûter à la Sulamith, et l’on se sépara pour la priere, afin d’éviter tout soupçon de connivence.

Innocentes créatures, vous cherchez en vain le plaisir, ces embrassemens et ces efforts seront vains ; laissez au tems le soin de remédier à vos maux. Les plaisirs qu’on achete par une continuité de desirs sont toujours les plus vifs ; vous en perdriez tout le sel, et toute la saveur, en les cueillant avant le tems ; reposez vous sur la nature, sur l’être puissant qui vous forma et sur l’amour.

Laissons nos pensionnaires marmoter en baillant des prieres latines et des ora pro nobis dégoutans, et voyons ailleurs ce qui se passe. Voyons par quel enchaînement de circonstances la Providence leur prépare à toutes deux la jouissance de leurs plus doux desirs. Ainsi soit-il.