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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/55

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du Couvent.

LIVRE SECOND.


Je vous dirais bien tout simplement et sans colifichets poëtiques qu’il était nuit et qu’il était huit heures du soir, si je ne voulais pas me conformer à l’usage de mes confreres qui ne voulant pas perdre l’occasion de montrer de l’esprit et des connoissances en mythologie, croyent qu’il y en a beaucoup à se rendre inintelligible aux trois quarts de leurs lecteurs. La mode étant un tyran impérieux qui dans ce siècle-ci soumet à son joug et le petit-maître et le philosophe, je suis forcé de les imiter, pour montrer que j’ai autant d’esprit et que je sais coudre des descriptions, aussi bien qu’eux, à des mots emphatiques, vuides de sens et rebattus. Je dis donc ou plutôt j’ouvre la bouche avec emphase et dignité, pour dire en style élocutoire, oratoire et poëtique : « La pâle Phébé quittait avec regret le sein brulant d’Endymion, son berger