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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/56

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Les veillées

favori, et s’arrachant à neuf politesses successives dont il l’avait généreusement enivrée, parcourait le vaste horizon sur son char d’argent, attelé de deux coursiers noirs comme l’encre qui trace les sottises avec lesquelles je vous endors. Chemin faisant, elle regrettait de n’avoir pu rendre immortelle une politesse aussi grande, et sa main libertine, en essuyant les résultats de sa lubrique séance, en créait de nouveaux. Pleine de souvenirs délicieux, elle se mouillait sans cesse en travaillant à se sécher ; ainsi Pénélope défaisait la nuit ce qu’elle avait fait le jour ; ainsi plus d’une Agnès que je connais et que je pourrais nommer défait le jour avec des lavemens, de la rhüe, et des bains de pieds, ce qu’elle a fait pendant la nuit. C’était l’heure où le badaut va promener son inutilité sous les arcades du Palais Royal et dans la grande allée des Thuileries ; c’était l’heure où une foule d’ouvriers court au boulevard du Temple, écouter les équivoques, les pointes et les vaudevilles prosaïques de Deduit, lutiner les Viéleuses, et se battre les flancs d’ivresse et d’admiration