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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/57

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du Couvent.

au bruit des voix aigrelettes ou cassées des cantatrices des caffés Yon et Goda. C’était l’heure où un essaim de grisettes et de nymphes vénales fourmillant dans les allées du Palais Royal, dans celles de leurs maisons, à la place Louis XV, et dans la rue St. Honoré, habillent la mort d’une pelisse rose ou céleste, cachent leurs turpitudes sous les ajustemens de Flore, et vendent à beaux deniers comptant le poison mortel qu’elles recèlent, aux imbécilles amateurs des triomphes faciles. C’était l’heure où, dans ma patrie, l’avenue des soupirs est foulée par une infinité de couturieres, de petites marchandes et de femmes de chambre qui, la tête chaude comme l’ont toutes les Picardes et le reste un peu plus encore, vont chacune avec son Adonis serrurier, menuisier, cordonnier, soldat ou commis, coucher le gason, voir la Lune perpendiculairement, et se faire carresser en bourgeoise, les unes pour donner des cornes à leurs maris, comme Madame Etave et Madame P....., les jeunes filles pour anticiper sur les prérogatives de l’hymen et forcer ainsi la main de leurs parens, lors-