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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/75

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du Couvent.

LIVRE TROISIEME.


Vous savez tous, ou vous devez savoir qu’un Poëme n’est pas un Poëme, quand un chant ne commence pas par une belle morale, une belle description du matin, du midi, ou du soir. Ces emphatiques passepartouts se pillent et s’ajustent à tout ouvrage indistinctement, et cela, tout ennuyeux que vous le trouviez, prouve que l’auteur peut faire de l’esprit tout comme un autre et tracer le modèle d’un pompeux galimathias épique. Je vous dirais bien aussi, tout bête que je vous parais, que la fraîche et belle Aurore avait quitté le lit du vieux Titon, aussi vierge qu’elle y était entrée, et cela, on sait pourquoi. Déjà déployant l’or de ses tresses blondes et semant de rubis le chemin du Soleil, elle distillait de ses humides yeux les pleurs que lui arrache la mort de son fils Memnon, tué il y a 3 à quatre mille ans, je ne sais ni où,