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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/80

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Les veillées

relève. O combien grande est l’influence du Soleil sur la constitution physique et morale du beau sexe et sur ses principes, encore plus que sur le nôtre. Souvent un fichu ôté pour se rafraîchir, à fait succomber la vertu, quand l’amant arrive à point nommé ; mais le tems fuit tandis que je jase, et il faut que je suive nos bonnes amies à la promenade. Voyons et contons : elles sont descendues au jardin, et delà par un sentier étroit, bordé de noisetiers jusques au bord de la rivière où elles se sont assises : J’étais vis-à-vis, je les voyais, je les entendais, mais la rivière nous séparait, et pour me garantir des rayons du Soleil, je m’étais caché derrière une touffe de roseaux, lorsque Louise ouvrant son cœur à son amie, lui parla en ces termes, autant que l’éloignement me permit de l’écouter : — Que je suis heureuse de t’avoir connue, ma belle Agnès, et d’être aimée de toi ! Il n’y a rien de plus agréable sur la terre qu’une amitié comme la nôtre ; seule, elle me fait aimer cet endroit-ci, et je ne regrette plus mes parens. Que la campagne est belle ! Que cette