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Page:Les Veillées du couvent, ou le Noviciat d’amour, 5793 (1793).djvu/88

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Les veillées

voit, avait très-bon goût en cherchant chaussure à son pied. Jugez donc de l’impression que dut produire sur nos deux tourterelles, la vue de ce gars si bien découpé.

Colin, dit Louise, tu me parais intelligent, honnête, et d’une éducation au-dessus de ton état ; je t’aime et j’attends de toi un service. — Parlez, belle Louise, je suis prêt à vous servir, mais je devine : vous voulez, je gage, me donner la commission de vous acheter quelque joli livre, comme celui que je viens d’acheter à la ville ? Et en même-tems Colin tire de sa poche une petite brochure, dont Louise et Agnès se saisissent avec avidité. L’amitié pour le coup allait disparoître ; on se l’arrachait. Pauvre livre, ton sort est celui d’Orphée, déchiré par les Bacchantes ; mais Agnès le céde à son amie. Louise l’ouvre et la première gravure qui se présente à ses yeux est le père Girard, le sage confesseur de filles, introduisant le bienheureux cordon de St.-François dans l’huis postérieur du temple d’Eradice, ou si vous l’aimez mieux la Cadière, et lui procurant par cette extase, que la dévote fille croit toute divine,