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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

gouverneur de Lyon, et dès lors joua un rôle considérable dans les guerres de religion qui désolèrent notre ville.

L’abominable boucherie qu’on appela les Vêpres lyonnaises est une sombre et trop longue histoire à laquelle je ne veux pas m’arrêter. La conduite du gouverneur, disent les uns, fut dissimulée ; elle fut, selon les autres, très correcte. Pour nous, Mandelot était d’un caractère modéré, et les exécutions sanglantes, qui eurent lieu alors, répugnaient à sa nature ; le mal, en grande partie du moins, se fit malgré lui et sans lui.

Lyon fut aussi désolé par la famine et par la peste. Mandelot se distingua par son dévouement dans ces circonstances malheureuses. Et pour revenir à la maison de Mandelot, la maison de Bellegrève, comme on l’appelait, disons que c’était une résidence charmante, construite, vers le milieu du siècle précédent par l’italien Paulin Benedicti, et ornée de peintures, de jardins et de fontaines. Henri III, passant à Lyon, en 1584, y habita et donna un bal aux dames de la cité.

C’est dans cette maison que s’installèrent, trente-cinq ans après la mort du gouverneur de Lyon, les religieuses Bénédictines de Chazeaux ; c’était le 8 avril 1623. Cette installation se fit solennellement par révérend messire Nicolas Ménard, vicaire général, docteur en droit, sacristain et chanoine de l’église collégiale de Saint-Nizier. Mme la vicomtesse de Châteauclos était allée en carrosse prendre, à l’abbaye royale de Saint-Pierre, l’abbesse Gilberte d’Amanzé de Chauffailles et les religieuses de sa communauté. Après les formalités de la réception et les cérémonies religieuses qui les accompagnent, le P. Lejeune, qui prêchait cette année-là le carême en l’église de Sainte-Croix, adressa aux religieuses une allocution, dont le procès-verbal d’installation nous a gardé l’analyse, et où nous retrouvons le P. Lejeune avec toutes ses qualités et tous ses défauts.

Ce serait une erreur de croire que le titre d’abbaye royale remonte à cette année 1623. C’est cependant ce que disent à peu près toutes les notices. Pour qu’une abbaye ou un prieuré fût anobli de ce titre, il ne suffisait pas que le roi nommât l’abbesse ou la prieure. À ce compte-là, toutes les abbayes et tous les prieurés de