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PRÉFACE

cupations premières. Témoins des légèretés, des impiétés, des crimes qui se commettent dans le monde, ils se demandent comment ils feront pour rendre à Dieu ce qui lui est dû ; ils sentent le sol trembler sous leurs pas, et ils fuient dans la solitude ; cette fuite dans la retraite, c’est le couvent.

Mais, dira-t-on, on peut se sauver sans cela. Oui, sans doute, et heureusement, mais il est des âmes qui, pour se sauver, ont besoin de cela. Il y a des âmes naïves, vierges, candides, ne se défiant de rien, elles ont besoin de la tutelle du cloître ; il y a des âmes qu’un coup de tempête a jetées à terre, elles ne se relèveront jamais si elles restent dans le monde, elles ont besoin de la pénitence du cloître ; il y a des âmes élevées, nobles, pleines de mépris pour les vulgarités de la terre, elles ont besoin de ce voisinage du ciel qu’on appelle le cloître.

Enfin voici une dernière vérité, élémentaire pour un catholique, mais incompréhensible pour un incroyant : dans les couvents, on prie, et c’est cette prière qui sauve la société coupable. On insulte à Dieu tous les jours et à pleine bouche ; le bras de Dieu n’est pas raccourci, il va se lever pour venger sa cause. Non, il laisse faire ; pourquoi ? Parmi nous il y a des couvents, il y a des prières, il y a des acceptations volontaires de renoncements, de sacrifices, de douleurs, et le courroux de Dieu s’apaise. Les couvents sont les boucliers qui nous protègent.

III

Mais on leur a fait de nombreux reproches et il faut avouer qu’ils n’ont pas toujours été sans fondement. Le plus grave, selon nous ce n’est pas qu’ils soient arrivés à