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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

Fourvière (1643). Les deux couvents rivalisèrent de courage et se dévouèrent à soigner les pestiférés. « Le clergé, dit Montfalcon, se montra, comme à l’ordinaire, dans ces grandes crises, d’une abnégation admirable : prêtres réguliers, vicaires, curés, jésuites et capucins surtout, répartirent entre eux le service des infirmeries et les visites des malades à domicile. Ces congrégations religieuses acceptèrent avec empressement un service, qui devait être pour beaucoup de leurs membres une sentence de mort ; ces hommes pieux portaient souvent le dévouement jusqu’à toucher les bubons pestiférés pour rassurer l’imagination frappée du peuple ; ils ne recherchaient pas les louanges pour des actions qu’ils trouvaient fort simples, leur récompense étant ailleurs. »

Les religieux du Grand-Couvent perdirent un grand nombre de leurs collègues, mais le couvent lui-même fut exempt de la contagion. Il n’en fut pas de même pour la maison de Saint-André. Le quartier du Petit-Foreys fut un de ceux qui furent le plus éprouvés par le fléau : la peste pénétra dans le couvent et fit de nombreuses victimes. Longtemps on a cru qu’elle s’arrêta à la hauteur de la rue Neyret, où, sur la façade d’une modeste maison, on voyait autrefois une petite statue de la sainte Vierge avec cette inscription : Ejus proesidio non ultra pestis, 1628 ; longtemps on crut qu’il n’y eut pas de pestiférés à la Croix-Rousse. Mais en étudiant les Augustins réformés, nous avons vu que c’était une erreur.

Les Capucins ont joui longtemps d’une grande faveur auprès du peuple. Leur simplicité, leur pauvreté, leur dévouement les approchaient de lui et les faisaient aimer. Un détail très important, et trop ignoré, de leur vie religieuse et sociale doit être ici mis en lumière : les Capucins furent les pompiers des temps passés. L’organisation actuelle pour l’extinction des incendies est relativement récente. Elle ne date, pour Paris, que des années qui précédèrent la Révolution (1770 à 1780), et pour le reste de la France, des années qui suivirent. Auparavant les secours étaient portés dans les incendies par les Capucins ; ils possédèrent les premières pompes, ils les conduisaient eux-mêmes sur le lieu de l’incendie, montaient sur les toits,