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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

les moines épuises se couchaient dans leur tombe, et personne ne se présentait pour les remplacer. Saint Étienne, troisième supérieur, conjurait le ciel d’étendre sa protection sur l’ordre naissant, il fut exaucé. Un jour, un jeune seigneur, natif de Fontaine, près de Dijon, suivi d’une trentaine de gentilshommes, ses amis, se présenta à la porte du monastère pour demander l’habit religieux. Ce jeune seigneur devait être un docteur de l’Église, le conseiller des papes, l’arbitre des rois, l’éloquent prédicateur de la seconde croisade, le fondateur de Clairvaux, ce devait être saint Bernard. L’ordre, dès lors, alla grandissant. Il commença dans la pauvreté la plus complète, dans le dénûment le plus absolu. Mais peu à peu on lui céda des terres, des forêts, qu’il cultiva et fit valoir ; et il acquit bientôt d’immenses richesses, qui passaient dans le sein des pauvres poulies soulager, mais qui, dans la suite, devinrent un formidable écueil.

Aussi, près de cinq siècles après la fondation de Cîteaux, alors que presque toutes les abbayes étaient en commende, la vie religieuse était fort relâchée, et une nouvelle réforme nécessaire. La réforme des Feuillants fut la plus considérable de l’ordre de Cîteaux, et elle eut pour auteur dom Jean de la Barrière.

Né d’une illustre famille du vicomte de Turenne en Quercy, à Saint-Céré, le 23 avril 1544, Jean de la Barrière fut élevé avec grand soin. Il n’avait que dix-huit ans quand il devint abbé commendataire de l’abbaye de Feuillants, près de Toulouse. Il la tint onze ans en commende. Mais en 1573, touché par la grâce et après de violents combats intérieurs, il abandonna entièrement le monde, pour entrer dans l’ordre de Cîteaux, fit son année de probation au monastère d’Aune, au diocèse de Toulouse, fit profession et revint à son abbaye, où son premier soin fut de réformer les abus qui s’étaient glissés dans la discipline régulière. Ce grand dessein fut traversé par des obstacles qui parurent invincibles ; mais, en 1577, ces obstacles, provenant en grande partie des religieux qu’il voulait entraîner à sa suite, furent surmontés, et le nouvel institut fit revivre l’ancienne ferveur de Cîteaux, qu’il surpassa même.

Veut-on avoir une idée de leurs austérités ? Les religieux, non