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LES ANCIENS COUVENTS DE LYON

de fer rougie au feu. De leurs chairs grillées s’exhalait une odeur dont l’incommodité ne rebuta point les bourreaux ; leur fureur, au contraire, s’irritait d’autant plus qu’ils faisaient de vains efforts pour vaincre la constance des martyrs ; mais ils ne purent jamais tirer de Sanctus d’autres paroles que celles qu’il avait déjà tant de fois répétées : « Je suis chrétien. » Ces invincibles héros, donnés en spectacle au monde, servirent une journée entière au divertissement du peuple, et comme on vit qu’après tant de tourments ils respiraient encore, ils furent enfin égorgés dans l’amphithéâtre.

« Blandine fut attachée à un poteau pour y être déchirée par les bêtes. Suspendue par les bras en forme de croix, elle adressait à Dieu des prières ferventes, et son exemple remplissait d’ardeur les autres martyrs. Il leur semblait, dans la personne de leur sœur, voir Celui qui, crucifié pour leur salut, avait voulu laisser dans la croix, à tous ses disciples, une preuve que ceux qui souffrent pour l’amour de lui jouiront un jour de la présence et de la gloire du Dieu vivant. Les bêtes ayant respecté Blandine, elle fut détachée du poteau et reconduite en prison. Elle en devait bientôt sortir pour de nouveaux combats, afin que, victorieuse de l’ennemi dans les attaques nombreuses qu’il lui livrait, elle rendît certaine la condamnation du Dragon infernal et enflammât par son exemple le courage de ses frères. Car, quoique délicate, faible et méprisée, elle était revêtue de la force de Jésus-Christ, le roi des martyrs ; elle avait remporté plusieurs triomphes sur son adversaire, et conquis dans une lutte glorieuse une couronne immortelle.

« Cependant les vociférations du peuple appelaient Attale, qu’une généreuse confession de foi, plus que sa haute naissance, rendait illustre. Attale était préparé au combat, le témoignage de sa conscience le soutenait. Rompu dans tous les exercices de la milice chrétienne, il avait toujours été parmi nous un témoin fidèle de la vérité. Des frémissements de fureur l’accueillirent et l’accompagnèrent, tandis qu’on le promenait autour de l’amphi-