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L’ABBAYE D’AINAY

théâtre précédé de cette inscription : « Celui-ci est le chrétien Attale. » Mais le gouverneur, informé qu’il était citoyen romain, le fit reconduire en prison avec les autres.

Les saints martyrs mirent ce délai à profit pour faire briller, par leur douceur, la grande miséricorde de Jésus-Christ. En effet, plusieurs membres morts du corps mystique de l’Église furent ranimés par les secours de ceux qui étaient vivants. Les confesseurs obtinrent grâce pour les apostats, et dans des transports de bonheur, l’Église, cette vierge mère de tous les fidèles, embrassa vivants ceux qu’elle avait été obligée de rejeter de son sein. La piété des martyrs les avait enfantés de nouveau à la vie spirituelle, pleins désormais de vigueur et instruits à confesser la foi.

En même temps qu’ils relevaient ceux qui étaient tombés, les confesseurs donnaient des exemples d’une humilité vraiment admirable à l’imitation de Jésus-Christ, qui, étant égal à son Père, était volontairement descendu jusqu’aux dernières limites de l’abaissement. Eux qui l’avaient confessé, non une fois, mais plusieurs, qui avaient été exposés aux bêtes et aux lames ardentes, non seulement ils ne s’attribuaient pas la qualité de martyrs, mais ils ne pouvaient souffrir que les autres les appelassent de ce nom. Cette gloire, disaient-ils, n’est due qu’à Jésus-Christ, seul et fidèle Martyr de la vérité, qui est le premier né d’entre les morts, et l’Auteur de la vie éternelle. Après lui, on ne peut donner ce titre qu’à ceux qui, sortis de cette vie par une confession généreuse, ont été reçus dans le sein de Dieu. Pour nous, faibles et petits, notre confession n’est pas complète. » Et ils conjuraient les frères, avec larmes, de prier le Seigneur pour eux, afin qu’ils souffrissent jusqu’à la fin avec constance et méritassent réellement d’être couronnés. Mais, en parlant aux païens, leur langage se ressentait de la noblesse de leurs âmes, et ils supportaient les injures avec autant de magnanimité qu’ils „en avaient montrée au milieu des tourments… Ils trouvaient dans leur cœur des paroles d’une douceur admirable à l’égard de ceux qui, étant tombés, n’étaient