Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/146

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Satan créa le peu, la puce et la punaise
Et lança l’infernal troupeau
Sur l’homme, encor garçon, qui s’était mis à l’aise
Et se branlait sur un coteau.

Le pou, quoi qu’on en dise, est une noble bête
L’aigle et lui hantent les sommets.
Le pou plaça son aire au-dessus de la tête ;
La puce habita les mollets.

La punaise, à vrai dire, est moins noble et moins fière :
Elle se fit un cabaret
Dans l’invisible val de la moelle épinière,
Gras pâturage et nid discret.

L’orgie alla bon train : la punaise en fut ivre
Et la puce obèse en deux jours ;
Le pou, chose incroyable, engraissa d’une livre !
Et l’homme se branlait toujours !

Chacun piqua si bien que mille égratignures
S’entre-croisaient le long du corps :
Le sang coulant à flots des béantes piqûres…
Et l’homme se branlait encor !

« Passembleu », dit le diable, en creusant quatre rides
Entre ses yeux d’un rouge ardent,
« On fait autant de cas de mes trois Euménides
« Que d’un crachat qu’on jette au vent.

« Faudra-t-il l’écraser vif, le ladre infâme,
« Pour troubler sa si belle humeur ?
« Dois-je attendre que Dieu lui fabrique une femme
« Pour mettre un terme à son bonheur ?


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