Page:Les filles de Loth et autres poèmes érotiques, 1933.djvu/37

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Du plaisir, dit Agar, en voilà tant qu’il faut :
Mon père est vieux, c’est vrai, mais il est encore chaud,
Il doit raidir encor quand les filles sont belles,
C’est heureux qu’il n’ait point affaire à des pucelles
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous passer la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie, où jadis notre mère
Venait emplir ses flancs et ouvrir son cratère.
Tâchons de l’enivrer, il aime le bon vin,
Et s’il nous peut baiser, sauvons le genre humain.
Le bonhomme étant gris, la mémoire troublée,
Oubliant ses enfants et la ville brûlée,
Jette sur leurs appas des regards polissons,
Écoute en souriant les grivoises chansons
Que chantent sans pudeur les jeunes filles nues,
Dansant autour de lui des danses inconnues.
Chacune a mis sur sa figure un voile noir,
Loth, avec sa lanterne, admire sans savoir
À qui sont ces tétons dont la pointe frissonne,
Ces fesses de satin dont la blancheur rayonne.
Il se croit à Sodome et dans sa propre fille,
Ardent, il veut planter son bâton de famille,
Il cherche sous sa robe, Agar l’a prévenu,
Du ventre paternel elle saisit tout nu
Le bâton merveilleux qui féconde la femme,
Elle admire longtemps cet objet de sa flamme
Et puis continuant son œuvre chaste et pure,
Elle prend pour jouir la meilleure posture :
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc
En inclinant la tête. Et le vieux Loth brûlant
Approche et voit le trou : « Pousse fort, ô ma belle !
Dit-il, en enlaçant ses deux bras autour d’elle.


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