Page:Les illégalités et les crimes du Congo, 1905.djvu/58

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de découragement. Que l’on sache bien que si nous avons toujours eu à travers notre tristesse, notre deuil, assez de fierté pour ne pas douter de nous-mêmes, nous avons eu aussi assez de connaissance de l’histoire de France pour ne pas douter de la France (Applaudissements). Le pays qui a émancipé la race noire dans le bel acte de 1848, se réveille à coup sûr aujourd’hui étonné des crimes qui s’accomplissent en son nom. Mais il suffit de dénoncer ces crimes à l’opinion publique pour que personne ne puisse dire que cela peut continuer. Il faut que cela cesse et cela cessera.

Tout à l’heure on parlait des juifs. Laissez-moi vous dire que les nègres, les mulâtres se sont dressés comme un seul homme au moment de l’affaire Dreyfus pour protester pour la justice, pour protester pour l’innocent accablé (Vifs applaudissements).

Mais, toutes les aberrations sont possibles en matière coloniale. Nous avons vu l’autre jour un juif oublier qu’il était sorti du ghetto où il était méconnu et accablé comme nous, monter sur des échasses pour regarder la plaine humaine et essayer de découvrir des races inférieures et supérieures… (Rires).

Bien que nous ayons eu cette douleur, nous espérons que toutes les minorités de la France, la minorité protestante, la minorité juive, toutes les minorités accablées, comprendront qu’elles sont solidaires de la minorité noire, minorité légale du moins — et que tous se dresseront avec nous pour protester au nom de l’humanité (Approbation).

Il ne suffit pas, citoyens, de dénoncer les crimes, il ne suffit pas de flageller les criminels et de les condamner, il faut chercher le remède. Le remède pratique est dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen ; il est dans les traditions de la France, il est dans la politique de la France ; il est donné par l’exemple de ces Antilles où le prolétariat noir a été appelé à la dignité de citoyen, et où le prolétariat noir est resté digne de la liberté et de la France.

Nous demandons, comme nous le demandions à l’Association Internationale pour la Protection des Travailleurs, avec notre éminent maitre Viollet, tout d’abord que l’on place à côté des administrateurs, à