Page:Les secondes oeuvres de mesdames Des Roches, de Poictiers, mère et fille.djvu/83

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meurant il ne faut croire que les Filles vertueuses veulent composer de leurs graces & perfectons aucuns liens amoureux, pour surprendre les Hommes. Car elles sçavent bien, que

Femme qui cherche Amour merite qu’on la fuie.

Aussi les modestes ne voudroient rien entreprendre qui fust indecent. Toutes leurs gentillesses ne servent pas à gaigner des Maris, mais font que sans en avoir, elles se déportent honnestement, ou en aiant les gouvernent paisiblement : Mémes les plus farouches sont moderez par la douceur, la douceur devient grande par la Raison, la Raison par la Science, la Science par les Livres. Et pource je maintiens qu’ilz doivent estre permis aux Femmes, comme la plus fidelle compagnie qu’elles puissent avoir. Sev. Je m’étonne dont vostre Fille les aime, puis que vous les approuvez tant, & pensois qu’elle deust suyvre la coutume des autres, qui est de se formaliser en tout contre les desirs de leurs Peres. Pla. La mienne est heureusement nee pour moy. Aussi luy veus-je donner instruction digne de son bon naturel. Sev. Vous en voulez faire un miracle. Pla. Je ne veus rien entreprendre sur la Divinité. Miracle est un euvre de Dieu, & non pas d’Homme : Seulement je veus nourrir ma Fille, en une chaste-gaie solitude, lui donnant