Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/165

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dans l’église San Giovanni Evangelista[1], par un Allemand[2], qui en avait retiré de grands éloges. Giovanni termina sa chaire en quatre ans et y représenta cinq épisodes de la vie de Jésus-Christ, plus un jugement dernier, avec toute l’application qu’il sut y mettre pour égaler et peut-être pour surpasser celui d’Orvieto, alors si renommé. Sur l’architrave soutenue par des colonnes, se rendant compte qu’il avait produit une belle et grande œuvre (étant donné les connaissances de cette époque, il grava les vers suivants :

Hoc opus sculpsit Johannes qui res non egit inanes,
Nicoli natus.. meliora beatus,
Qiiem genuit Pisa, doctum super omnia visa[3].

Dans le même temps, il fit, dans l’église San Giovanni Evangelista, de la même ville, un bénitier en marbre soutenu par les trois figures de la Tempérance, de la Prudence et de la Justice. Cette œuvre ayant été trouvée extrêmement belle, on la plaça au milieu de l’église[4], comme une chose précieuse. Avant de quitter Pistoia, il donna le modèle du campanile de San Jacopo, principale église de cette ville dont la construction n’était pas commencée, et sur le campanile on peut lire ce millésime : A.D., 1301[5].

Comme le pape Benoît XI venait de mourir à Pérouse[6], Giovanni fut appelé dans cette ville, où il exécuta en marbre son tombeau[7] dans la vieille église de San Domenico des Frères Prêcheurs. Ce tombeau représente le pape en grandeur naturelle, couvert de ses habits pontificaux et reposant sur un lit où deux anges soulèvent les rideaux ; au-dessus et en relief est la Vierge entre deux saints. Dans la nouvelle église des Frères Prêcheurs, il fit également le tombeau de Messer Niccolo Guidalotti, né à Pérouse et évêque de Recanati[8]. Dans cette nouvelle église, qui avait été commencée par d’autres, il éleva la nef du milieu, qui présente un bien meilleur ordre, que le reste de l’église : comme les fondations ont été mal faites, elle penche d’un côté et menace ruine.

Après avoir achevé ces travaux à Pérouse, Giovanni voulait aller à

  1. Appelée communément San Giovanni fuor Civitas.
  2. Œuvre restituée à Fra Guglielmo da Pisa, élève de Niccola, et terminée en 1270.
  3. Cette inscription, que Vasari donne incomplètement, porte la date de 1301.
  4. Placée actuellement près de la porte latérale.
  5. Lire 1200, date probable du commencement delà construction.
  6. En 1304.
  7. Ce tombeau, qui est en place, fut commandé par le cardinal Niccola da Prato.
  8. Postérieur d’un siècle ; attribution fausse.