Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’elles avaient été faites avec beaucoup de jugement et d’application, comme on peut encore s’en rendre compte par les œuvres qui subsistent de lui dans cette ville, particulièrement un tableau de la Vierge, orné d’un cadre moderne, que l’on conserve actuellement à San Francesco, dans la chapelle della Concezione. La même église possède de lui un grand crucifix[1], également traité à la grecque, qui est placé dans la salle des intendants de la fabrique : il est adossé à la corniche, et les extrémités de la croix sont ornées de petits sujets. On voit quantité de crucifix de cette sorte et dus à Margaritone par la ville.

Pour les religieuses de Santa Margherita, il fit une œuvre qui est actuellement fixée à la cloison transverse de l’église[2] : c’est une toile collée sur un panneau et sur laquelle sont représentés de petits sujets des Vies de Notre-Dame, et de saint Jean-Baptiste, bien mieux exécutés et offrant plus de grâce que ses grandes peintures. Il y a lieu de tenir compte de cette œuvre, non seulement parce que les figures paraissent être de vraies miniatures, mais encore parce qu’il est merveilleux de voir une peinture sur toile de lin s’être si bien conservée pendant trois cents ans. À Sargiano, couvent des frères des Zoccoli, il y a de lui un saint François[3], de grandeur naturelle, sur lequel il inscrivit son nom, estimant avoir encore plus soigné cette œuvre que d’habitude. Il fit ensuite un grand crucifix en bois, peint à la grecque, qu’il envoya à Florence, à Messer Farinata degli liberti, citoyen illustre pour avoir, entre autres actions glorieuses, préservé sa patrie d’une ruine imminente[4]. Ce crucifix est aujourd’hui placé à Santa Croce, entre les chapelles Peruzzi et Giugni[5]. À San Domenico d’Arezzo, église et couvent fondés par les seigneurs de Pictramala, l’an 1275, comme on le voit encore par leurs armoiries, il exécuta plusieurs peintures[6] avant de retourner à Rome, où il avait déjà été accueilli favorablement par le pape Urbain IV, pour y exécuter quelques fresques, à la requête de ce pape, dans le portique de Saint-Pierre. Bien que traitées à la grecque, suivant la mode du temps, elles ont du bon.

  1. Ces deux œuvres sont encore en place. Le crucifix est colossal. On y voit saint François embrassant la croix.
  2. Ce tableau, actuellement à la Galerie nationale de Londres, est signé MARGARIT DE ARITIO ME FECIT.
  3. En place, signé MARGARIT DE ARETIO PINGEBAT.
  4. Après la bataille de Montaperti, en 1260. Voir Villani, lib. VI cap. 81.
  5. Le crucifix qui se trouve, actuellement, à cette place n’est pas de Margaritone ; il y a de lui un saint François, dans la petite chapelle Bardi, que Vasari attribuait à Cimabue.
  6. Aujourd’hui perdues.