Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/179

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dans l’église paroissiale, la chapelle de saint François qui est près des fonts baptismaux, ainsi que sur une colonne, au-dessus d’un admirable chapiteau corinthien antique, un saint François et un saint Dominique, représentés au naturel. Dans le Dôme vieux, hors les murs, il fit la Lapidation de saint Étienne, dans une petite chapelle, avec un beau groupement de figures [1].

Ces œuvres terminées, il arriva à Assise, cité de l’Ombrie, où l’appelait Fra Giovanni di Muro della Marca, général des Franciscains[2]. Dans l’église supérieure, il peignit à fresque, sous la galerie intérieure qui passe sous les fenêtres, des deux côtés de l’église, trente-deux histoires représentant les faits et gestes de saint François, soit seize de chaque côté, avec une perfection qui lui attira une grande renommée [3]. De fait, on voit dans ces fresques une grande variété, non seulement dans les gestes et les attitudes des différents personnages, mais encore dans les compositions de tous les sujets, outre qu’on ne saurait trop admirer la diversité des costumes de l’époque et la merveilleuse imitation de la nature qu’il y montra : entre autres, un homme qui montre être vivement attiré par l’eau et boit à une fontaine, en se tenant complètement courbé avec une expression si naturelle qu’on croirait véritablement voir une personne vivante qui boit. On y voit bien d’autres choses dignes de remarque, dont je ne parle pas, pour être bref. Je dirai seulement que cette œuvre attira à Giotto une immense réputation, et que, par suite de ses études continuelles, il mérita d’être appelé le disciple de la nature et non d’autres maîtres.

Après avoir achevé les peintures de l’église supérieure, Giotto peignit, dans le même lieu, mais dans l’église inférieure, le pourtour du chœur et les quatre compartiments formés par la voûte[4], au-dessus du maître-autel sous lequel est déposé le corps de saint François, avec des compositions aussi belles qu’originales. Dans le premier compartiment, il représenta la Glorification de saint François entouré des Vertus, qui, seules, peuvent obtenir la grâce parfaite de Dieu. D’un côté, l’Obéissance a devant elle un moine à genoux, auquel elle pose un joug dont les liens sont tirés au ciel par des mains mystérieuses ;

  1. Il ne reste à Arezzo, de toutes ces peintures que le saint François et le saint Dominique, attribués aussi à Jacopo di Casentino.
  2. Fra Giovanni fut élu général en 1296.
  3. Les cinq derniers numéros de cette série peuvent seuls être attribués à Giotto avec quelque vraisemblance. Le reste est un travail d’école.
  4. Toutes ces fresques existent encore ; mais celles de la voûte seules peuvent être attribuées à Giotto.