Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/214

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marbres des sculpteurs ou les constructions des architectes. Simone[1] eut cet insigne bonheur d’être contemporain de Pétrarque, et de rencontrer, à la cour papale d’Avignon, le poète amoureux désireux d’avoir le portrait de Madonna Laura, de la main de ce peintre. Pétrarque trouva cette image aussi belle qu’il l’avait désirée et il éternisa la mémoire du peintre dans deux sonnets dont l’un commence ainsi :

Per mirar Policleto a prova fiso.
Con gli altri che ebber fama di quell’arte[2].

Et l’autre :

Quando giunse a Simon Vallo concetto
Ch’a mio nome gli pose in man lo stile[3].

De fait, ces deux sonnets et la lettre[4] du cinquième livre des Lettres familières qui commencent par ces mots : Non sum nescius, jetteront un éclat plus durable sur la pauvre vie de maître Simone que ne pourraient le faire toutes ses peintures, car elles disparaîtront, quoi qu’il arrive, tandis que les écrits d’un tel homme subsisteront éternellement.

Simone Memmi[5], excellent peintre siennois, fut très remarquable pour son temps, et très estimé à la cour du pape. Après la mort de son maître Giotto, qui l’avait amené à Rome, quand il fut appelé à travailler à la Navicella[6], il imita sa manière dans une Vierge[7] peinte sous le portique de Saint-Pierre et dans une fresque représentant l’histoire de saint Pierre et de saint Paul[8], peinte sur le mur extérieur, entre les arcs du portique. Il y avait surtout, dans ces fresques, un sacristain de Saint-Pierre, dont Simone avait reproduit les traits et qui allume des cierges, avec un geste plein de vérité. Aussi fut-il instamment appelé par le pape à Avignon, où il laissa quantité de fresques[9] (9) et de tableaux qui ne furent pas inférieurs à sa grande réputation, dont le bruit était venu jusque-là. De retour à Sienne, il

  1. Simone Martini, né en 1285 (?). Épouse en janvier 1824, Giovanna, fille du peintre Memmo di Filippuccio et sœur de Lippo.
  2. Première partie, sonnet 49.
  3. Ibid., sonnet 50.
  4. Lettre 17.
  5. De son vrai nom Martini.
  6. En 1298.
  7. Placée dans une chapelle de la crypte.
  8. N’existe plus.
  9. Existent encore fort dégradées dans le porche de la cathédrale. Simone alla à Avignon en février 1339 ; il fut aidé par son frère Donato, mort en août 1347.