Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/215

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se trouva en grand créditer caressé de tous. La Seigneurie lui donna à peindre, dans une salle du Palais Public[1], une Vierge entourée d’un grand nombre de figures ; il l’exécuta en toute perfection et en retira autant d’honneur que de profit. Pour montrer qu’il savait peindre aussi bien le tableau de chevalet que la fresque, il fit pour ce même palais un tableau qui fut cause qu’on lui en commanda deux autres pour le Dôme[2]. Il fit, en outre, sur la porte de l’œuvre du Dôme, une belle composition, où il représenta la Vierge et l’Enfant Jésus environnés de plusieurs saints, au-dessus desquels planent dans les airs des anges qui soutiennent une bannière[3]. Il fut ensuite appelé par le général des Augustins, à Florence, où il peignit le chapitre de Santo Spirito ; il y fit preuve d’une grande imagination et d’un jugement admirable dans sa représentation des hommes et des chevaux, comme on peut le voir dans la Passion du Christ, où toutes choses sont traitées avec autant de grâce que de discrétion. Les larrons rendent l’esprit sur la croix, et l’âme de l’un est portée au ciel avec allégresse par les anges, tandis que l’autre est entraînée aux enfers par les démons. Simone représenta avec autant de talent des anges pleurant amèrement autour du Christ ; mais ce qu’il y a de plus remarquable dans toute l’œuvre, ce sont ces esprits qui paraissent réellement fendre l’air avec leurs ailes, et soutiennent leur vol tout en tournant. Ces peintures, déjà altérées par le temps, ont été détruites en 1560 par les Pères qui ont jeté à terre le peu qui en restait, pour se servir de leur chapitre, qui était en mauvais état, par suite de l’humidité, et pour remplacer par une voûte le plafond tout piqué de vers. À la même époque, il peignit en détrempe la Vierge, saint Luc et d’autres saints, tableau signé, qui se trouve aujourd’hui à Santa Maria Novella, dans la chapelle des Gondi[4]. Il décora ensuite trois parois du chapitre de cette église[5]. Sur la première, au-dessus de la porte d’entrée, il peignit la vie de saint Dominique, et, sur celle qui est du côté de l’église, la

  1. Vieille salle du Conseil ; celle Vierge existe encore. En face, il y a le portrait équestre de Guidoriccio da Fogliano, se rendant au siège de Montemassi ; peint en 1328.
  2. L’un d’eux représentant une Annonciation est aux Offices, signé : SIMON. MARTINI. ET. LIPPUS. MEMMI. DE. SENIS. ME. PINCXERUNT. ANNO. DOMINI. MCCCXXXIII.
  3. Cette fresque, qui était sur la laçade du palais Pandolfo Petrucci, fut détruite par le tremblement de terre de 1798 ; elle datait de 1333.
  4. Peinture perdue.
  5. Chapelle des Espagnols ; ces fresques existent encore. Attribution généralement contestée. La construction du chapitre fut commencée en 1350 par l’architecte dominicain Fra Jacopo Talenti, aux frais de Buonamico di Lapo Guidalotti, riche marchand florentin.