Religion et l’ordre de saint Dominique combattant l’hérésie. On y voit les hérétiques représentés par des loups qui assaillent des brebis défendues par des chiens tachetés de blanc et de noir qui repoussent et déchirent les loups. Dans un coin, un groupe d’autres hérétiques convertis déchirent leurs livres et confessent leurs fautes ; les âmes franchissent la porte du Paradis, auprès de laquelle se trouvent des personnages diversement occupés. Dans le ciel se montre la gloire de Jésus-Christ et des saints, tandis que les voluptés et les vains plaisirs restent sur la terre, représentés par des femmes assises, parmi lesquelles on remarque, représentée au naturel, Madonna Laura, vêtue de vert, et avec une petite flamme entre la poitrine et la gorge. On voit encore l’Eglise chrétienne confiée à la garde du pape, de l’empereur, des rois, des cardinaux, des évêques et de tous les princes de la chrétienté ; à côté d’un chevalier de Rhodes se trouve Pétrarque que Simone représenta pour rénover dans ses œuvres la mémoire de celui qui l’avait rendu immortel. L’Église universelle est représentée par la vue de Santa Maria del Fiore, non telle qu’elle est à présent, mais comme Simone la dessina d’après le modèle et le plan que l’architecte Arnolfo avait laissés dans l’œuvre, pour guider ceux qui avaient à diriger la construction après lui. Il ne resterait d’ailleurs aucun souvenir de ces modèles par suite de l’incurie des intendants de la fabrique, comme on l’a déjà dit, si Simone ne l’avait fait, en les reproduisant dans cet ouvrage. Sur la troisième paroi, au-dessus de l’autel, il représenta la Passion de Jésus-Christ, qui, sortant de Jérusalem et portant sa croix, monte au Calvaire, suivi d’une foule innombrable. On le voit ensuite arrivé au sommet, mis en croix entre les deux larrons, avec toute la composition que comporte un pareil sujet. Je passe sous silence la description des chevaux, la scène des vêtements tirés au sort par les soldats, la descente aux Limbes, en un mot tous les épisodes habituels de cette histoire, représentée de manière qu’on ne la dirait pas provenir d’un maître de cette époque, mais bien d’un moderne consommé dans son art. C’est ainsi qu’il employa toute l’étendue de chaque paroi et y représenta plusieurs sujets en une seule composition, au lieu de les diviser par tranches superposées ou juxtaposées, comme l’ont fait les maîtres anciens et nombre de modernes qui mettent la terre au-dessus du ciel, quatre ou cinq fois, et comme on le voit dans la grande chapelle de Santa Maria Novella ou dans le Campo Santo de Pise, où Simone lui-même, ayant à peindre des fresques, fut forcé, contre sa volonté, d’adopter ces divisions, les peintres qui avaient travaillé avant lui dans cet endroit, entre autres Giotto, son maître, et Buonamico,
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