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de Santa Maria Novella, à la porte del Martello, à côté du tombeau de Buontura[1].




Agnolo GADDI
Peintre Florentin, né en…, mort en 1396

.

Taddeo Gaddi, dont nous avons raconté la vie, laissa deux fils. Agnolo et Giovanni, qui furent élevés dans la société de ses disciples, et il pensait que particulièrement Agnolo réussirait dans la peinture. Mais celui-ci, qui d’abord dans sa jeunesse parut promettre de surpasser un jour son père, ne répondit pas à l’opinion qu’on avait conçue de lui, parce que, né et élevé dans l’abondance qui, parfois, est un obstacle aux études, il s’adonna plutôt au trafic et au négoce qu’à la peinture. Dans sa jeunesse, Agnolo peignit, à San Jacopo tra Fossi de Florence, une Résurrection de Lazare[2], dont les figures ont un peu plus d’une brasse de hauteur. Cette composition fut jugée d’un mérite tel, que beaucoup estimèrent son auteur devoir surpasser tous les élèves de Taddeo, et Taddeo lui-même. Mais il en fut autrement, parce que, si la volonté d’un jeune homme surmonte toute difficulté pour lui acquérir la gloire, très souvent un certain manque d’énergie, qui survient avec l’âge, fait retourner en arrière au lieu d’avancer, , et c’est ce qui arriva à Agnolo. La famille Soderini, espérant beaucoup de lui, après ce coup d’essai, le chargea de peindre la grande chapelle du Carmine[3], et il exécuta toute la vie de la Vierge, mais d’une manière tellement inférieure à sa première œuvre, qu’il fut évident pour chacun qu’il ne voulait plus se consacrer tout entier à la peinture. De même, dans les fresques qu’il fit pour la noble famille des Alberti, dans la grande chapelle de Santa Croce, et qui représentent l’Invention de la

  1. Il y a à l’Accademia Filarmonica, Via Ghibellina, une peinture giottesque, qui reproduit l’Expulsion du duc d’Athènes et qu’on attribue à Giottino. Vasari paraît avoir confondu dans cette vie des existences du peintre Giotto di Maestro Stefano, inscrit à la matricule des peintres en 1368, et du peintre Maso di Banco, immatriculé en 1343. Quant aux travaux de sculpture, ils peuvent être attribués à un troisième artiste, Tommaso di Stefano, inscrit à la matricule des maîtres en pierre en 1385. La statue du campanile serait son œuvre ; c’est celle qui fait partie des quatre placées du côté du Bigallo, dont trois sont attribuées au peintre Mea. Au reste, cette biographie est pleine d’incertitudes.
  2. Peinture perdue.
  3. Détruite par l’incendie de 1771.