Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/240

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Sainte-Croix[1], il fit preuve de beaucoup d’habileté, mais de peu de dessin ; seul le coloris est très beau et très judicieux. Ses peintures de la chapelle Bardi[2], qui ont pour sujet la vie de saint Louis, sont bien meilleures. Il travaillait d’une manière capricieuse, tantôt avec nonchalance, tantôt avec un soin extrême ; ainsi l’on croirait faite d’hier une fresque qu’il exécuta à Santo Spirito, à l’intérieur et au-dessus d’une porte allant de la place au couvent, et qui représente la Vierge tenant son Fils, entre saint Augustin et saint Nicolas[3].

Le secret de travailler la mosaïque lui était resté, en quelque sorte, comme un héritage de famille et il avait encore les instruments et tous les matériaux nécessaires qu’avait autrefois employés son aïeul Gaddo. Aussi s’amusait-il parfois, plutôt par passe-temps que pour une autre raison, à composer des mosaïques. Comme le temps avait ruiné beaucoup des plaques de marbre qui couvrent les huit faces du toit de San Giovanni, et que la pluie pénétrant par ces ouvertures avait considérablement endommagé l’œuvre de mosaïque d’Andrea Tafi, les consuls de l’Art des Marchands décidèrent de faire refaire la majeure partie de ce toit, pour ne pas amener la perte totale des mosaïques, et de les faire également restaurer. Agnolo, ayant été chargé du tout, l’an 1346[4], recouvrit le toit de marbres neufs, dont les plaques se recouvraient l’une l’autre sur une longueur de deux doigts et s’encastraient de la moitié de leur épaisseur. Il les scella ensuite avec un stuc composé de mastic et de cire fondus ensemble, en sorte que depuis ni toit ni voûtes n’ont subi le moindre dommage de la part des eaux. Il restaura de même les mosaïques, et, dans le même temps, on refit dans sa forme actuelle, d’après ses conseils, et sur un dessin judicieux qu’il donna, toute la corniche extérieure de marbre, qui est au-dessous du toit, et qui, primitivement, était beaucoup plus petite et tout à fait simple.

C’est également sous sa direction [5] que fut faite, dans le palais du Podestat, la voûte de la salle qui, auparavant, était couverte d’un toit pour la préserver, ainsi que la décoration intérieure, des dangers de l’incendie qui avait détruit la couverture du toit peu auparavant [6]. En outre, il surmonta les murs, qui étaient lisses, des créneaux qu’on

  1. Ces fresques existent encore.
  2. Peintures passées au plâtre.
  3. Existe encore ; au lieu de saint Nicolas, lire saint Pierre.
  4. Ce fait n’est pas prouvé.
  5. Erreur de Vasari. Ce travail fut fait par Neri Fioravanti et terminé en 1340.
  6. En 1332.