Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/271

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figure de cette dimension, ni si bien proportionnée, bien qu’elle laisse à désirer pour le style. Ces deux peintures ont été exécutées avec tant d’habileté professionnelle que, bien qu’exposées à l’air, depuis tant d’années, elles n’ont rien eu à souffrir des pluies, ni des grands vents, étant tournées au nord[1], et qu’elles n’ont rien perdu de la vivacité de leurs couleurs. Entre les deux, à l’intérieur de la porta del Martello, il fit encore, à la requête de Ricciardo et du gardien du couvent, un Christ en croix avec de nombreuses figures[2]; sur les parois, il représenta la confirmation de la règle de saint François par le pape Honorius[3], et à côté le martyre des Frères de cet ordre qui allèrent prêcher la religion chrétienne aux Sarrazins. Sur les arcs et sur les voûtes, il représenta quelques rois de France qui ont fait partie de cet ordre, ou qui lui ont été affectionnés, ainsi que quantité de Franciscains qui se sont signalés par leur science ou par leurs hautes dignités, tels que des évêques, des cardinaux et des papes, entre autres Nicolas IV et Alexandre V, qu’il peignit dans deux médaillons des voûtes. Toutes ces figures diffèrent entre elles, bien qu’il leur ait mis des robes grises : les unes tirent sur le rouge, les autres sur le bleu, certaines sont foncées et d’autres plus claires, en somme elles sont variées et dignes d’être considérées[4].

On raconte qu’il y travailla avec tant de facilité et de promptitude, qu’un jour, le père gardien l’ayant appelé pour dîner, au moment où, l’enduit posé sur le mur, il commençait une figure, il aurait répondu : « Commencez sans moi, pendant que je vais achever cette figure, et je suis à vous. » On a donc bien raison de dire que jamais personne n’eut tant de vélocité dans les mains, ni d’habileté professionnelle dans le coloris.

Il y a de sa main, au coin des sœurs de Foligno, un tabernacle peint à fresque, ainsi que la Madone et les saints qui sont sur la porte de l’église de ce monastère, entre lesquels saint François épousant la Pauvreté[5]. Il peignit encore^ dans l’église des Camaldules de Florence, pour la Compagnia de’Martiri, les martyres de quelques saints, et les deux chapelles qui encadrent la grande chapelle[6]. Comme ces pein-

  1. Au sud-ouest.
  2. Peint par Neri di Ricci, en 1469.
  3. Il en reste quelques fragments.
  4. Ces fresques n’existent plus.
  5. Ces différentes peintures n’existent plus.
  6. Peintures détruites en même temps que l’église et le couvent, pendant le siège de 1529 ; elles étaient dues à Bicci di Lorenzo, 1432.