Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/291

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tectrice de la ville, un peu plus grande que les autres figures, et autour d’elle les sept Vertus théologales, dont les têtes délicates et expressives montrent qu’il commençait à entrer dans la bonne voie, en répudiant la vieille manière des sculpteurs précédents. En outre, il y figura plusieurs sujets de l’Ancien Testament, c’est-à-dire la Création de l’Homme et de la Femme, et le Péché originel. Dans la représentation de la première femme, on voit une si belle figure, une grâce et une attitude si séduisantes dans le geste de tendre la pomme à Adam, que l’on devine qu’il ne pourra la refuser. N’oublions pas le reste de l’œuvre, orné de très beaux enfants, de lions et de louves, emblèmes de la ville, que Jacopo traita avec une rare habileté professionnelle et qu’il termina en douze ans.

On a également de sa main trois bas-reliefs en bronze[1], extrêmement beaux, de la vie de saint Jean-Baptiste, qui entourent les fonts baptismaux de l’église San Giovanni, située au-dessous du Dôme ; et quelques statuettes, en bronze comme les bas-reliefs, hautes d’une brasse et séparant les bas-reliefs, qui sont vraiment belles et dignes d’éloge. En récompense de ces travaux et pour ses qualités personnelles, Jacopo mérita d’être nommé chevalier par la Seigneurie de Sienne[2], et peu après fabricien de la cathédrale[3]. Il exerça cette charge durant trois années, et jamais la fabrique ne fut mieux dirigée. Finalement, accablé par la fatigue d’un travail continuel, il mourut à l’âge de 64 ans[4] et fut enterré honorablement ; sa mort fut un deuil universel.

Matteo[5], sculpteur lucquois, fut un de ses élèves. Il fit dans sa patrie, en 1444[6], pour Domenico Galignano, dans l’église San Martino, le petit temple octogone en marbre qui renferme l’image de la Sainte-Croix, que l’on prétend avoir été sculptée miraculeusement par Nicodème, l’un des soixante-douze disciples du Sauveur. Il laissa également un saint Sébastien en marbre, haut de trois brasses[7], dont l’attitude, le dessin et l’exécution sont vraiment remarquables. — Un

  1. On ne peut lui attribuer avec certitude, à San Giovanni, que la statuette de saint Jean, les reliefs des Prophètes et de Zaccharie.
  2. Le 1er août 1435.
  3. Le 8 février 1435.
  4. Le 20 octobre 1438 (Archives du Dôme) ; son testament est du 3 octobre. Il fut enterré dans le Dôme de Sienne.
  5. Matteo Civitali, 1435-1501.
  6. À cette date, il avait neuf ans.
  7. Actuellement dans la collection Gualandi, à Pise.