Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/314

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bronze de la même dimension que ceux de la première porte et représentant le Sacrifice d’Abraham. Les Consuls pensèrent qu’ainsi les maîtres en question seraient aux prises avec toutes les difficultés de l’art, parce que ce sujet comportait un paysage, plus des figures nues, des figures drapées et des animaux, et que l’on pourrait traiter les premières figures en relief, les deuxièmes en demi-relief et les troisièmes en bas-relief. Les sept concurrents furent Fillippo di Ser Brunellesco, Donato[1] et Lorenzo di Bartoluccio, florentins ; Jacopo dalla Quercia, siennois ; Niccolo d’Arezzo, élève de Jacopo, Francesco di Valdambrina et Simone da Colle, surnommé de’ Bronzi, qui tous promirent aux Consuls de terminer leur morceau dans le temps fixé. S’étant donc mis à l’œuvre, ils firent tous leurs efforts pour se surpasser l’un l’autre, et tinrent leur travail caché pour ne pas se rencontrer dans les mêmes idées. Seul Lorenzo, guidé par Bartoluccio qui lui fit faire de nombreux projets et modèles, avant de se résoudre à en adopter un, les montrait à ses concitoyens ou aux étrangers qui traversaient la ville, quand ils s’entendaient aux choses de l’art pour avoir leur avis ; ces conseils furent cause qu’il produisit un modèle très achevé et sans aucun défaut. Son panneau réussit parfaitement à la fonte et il le répara avec Bartoluccio, avec tant d’amour et de patience qu’on n’aurait pu faire mieux.

L’époque du jugement étant arrivée, les sept modèles terminés furent présentés à l’Art des Marchands. Les avis des Consuls et de beaucoup de citoyens qui les examinèrent furent très différents. La curiosité avait attiré à Florence une foule d’artistes étrangers, peintres, sculpteurs et orfèvres, que les Consuls appelèrent à juger ces œuvres concurremment avec les maîtres des mêmes métiers qui habitaient Florence. Leur nombre fut de trente-quatre personnes, toutes très habiles dans leur art. Bien qu’il y eût, entre eux, les différences d’appréciation, car l’un préférait, naturellement, la manière de celui-ci et l’autre manière de celui-là, tous s’accordaient à reconnaître que Filippo di Ser Brunellesco et Lorenze di Bartoluccio avaient mieux composé leurs modèles, de plus belles et de plus nombreuses figures, avec un fini plus achevé que Donato, encore qu’il y eût dans son modèle beaucoup de dessin. Les figures de Jacopo dalla Quercia étaient correctes, mais manquaient de finesse, quoique bien dessinées et bien exécutées. Le modèle de Francesco di Valdambrina renfermait quelques belles têtes, et était bien réparé, mais la composition en était

  1. Donatello ne prit pas part au concours ; il avait quinze ans, en effet, en 1401.