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deux parties de l’Hôpital. En un mot, cet édifice est si bien ordonné que je ne crois pas qu’il ait son pareil en Europe[1].

Une autre œuvre de sa main est la grande église de Bergame[2], qui n’est pas inférieure à l’Hôpital de Milan. Tout en conduisant ces travaux, il écrivit et orna de nombreuses figures un traité d’architecture, divisé en trois parties et en vingt-quatre livres. La première partie traite des mesures de tous les édifices et de tout ce qui est nécessaire pour bâtir. La seconde partie roule sur les procédés de construction et sur les monuments nécessaires à l’embellissement et à la commodité d’une ville. Dans la troisième partie, il décrit des formes nouvelles d’édifices, en s’inspirant tant des anciens que des modernes. Cet ouvrage fut dédié par Filarète[3], l’an 1464, à Pierre, fils de Cosme de Médicis ; il renferme peu de bonnes choses, mêlées à beaucoup d’inutilités, et ne fait que rarement mention des maîtres contemporains et de leurs œuvres.

En ayant assez dit de Filarète, il est temps de s’occuper de Simone, frère de Donato[4], qui, après la porte de Saint-Pierre, fit en bronze le tombeau du pape Martin V[5], et d’autres ouvrages également en bronze, qu’il envoya en France ou ailleurs. Dans l’église degli Ermini, à Florence, au coin aile Macine, il fit un Crucifix, de grandeur naturelle, destiné à être porté dans les processions, et pour qu’il fût plus léger, il le fit en liège[6]. À Santa Felicita, il y a de lui une sainte Madeleine pénitente, en terre cuite[7], haute de trois brasses et demie, dans laquelle il fit preuve d’une grande connaissance de l’anatomie. Dans l’église des Servi, il fit encore, pour la Compagnia della Nunziata, une pierre tombale en marbre, qui porte une figure en marbres gris et blancs assemblés comme une peinture[8], pareille à celles que Duccio de Sienne avait faites dans le Dôme de Sienne, ce qui a été

  1. Filarète commença en 1456 l’Hôpital de Milan, fondé par le duc et sa femme Bianca Visconti [voir l’inscription]. Il n’exécuta que la partie de droite. Guiniforte Solari fit le bras qui est le long du canal. Le reste de l’Hôpital est bien postérieur.
  2. C’est le Dôme actuel, terminé par Carlo Fontana.
  3. L’exemplaire original est à la bibliothèque Magliabecchiana. Dans la dédicace, Filarète donne son vrai nom : Antonio Averlino fiorentino.
  4. Simone di Giovanni Ghini, orfèvre florentin, nullement parent de Donatello. Né en 1407, mort en 1491. Vasari a dû le confondre avec Simone di Manni Ferrucci da Fiesole, qui fut disciple de Donatello.
  5. À Saint-Jean de Latran.
  6. Actuellement sur le maître-autel de San Lorenzo ; l’église de San Basilio de frati Ermini a été supprimée.
  7. N’existe plus.
  8. N’existe plus.