Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/389

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qui resta grosse de lui, après la mort de son père[1] et parce qu’il fut élevé par elle, de manière à le faire parvenir au rang que sa bonne fortune lui réservait.

Dans sa jeunesse, il s’adonna aux mathématiques et bien qu’à l’âge de quinze ans il se fût tourné vers la peinture, il ne les négligea jamais. Faisant des progrès merveilleux dans cette science et dans cet art, il fut employé par Guidobaldo Feltro[2], l’ancien duc d’Urbin, pour lequel il fit quantité de tableaux très beaux, remplis de petites figures, dont la plupart ont péri au milieu des guerres qui ont désolé cet État. On y conserve, cependant, plusieurs de ses écrits concernant la géométrie et la perspective, dans lesquelles il ne fut inférieur à aucun de ses contemporains et peut-être à personne de quelque temps que ce soit, comme le prouvent ses ouvrages qui renferment une foule de perspectives, notamment un vase. Il est traité en surfaces carrées, de manière que l’on voit de derrière, de devant et de chaque côté, le fond et les bords ; ce qui est assurément merveilleux, d’autant plus que les moindres détails sont exactement représentés et que les lignes des contours se raccourcissent avec beaucoup de grâce. Ayant acquis, dans la cour d’Urbin, crédit et réputation, il voulut se faire connaître ailleurs ; étant allé à Pesaro[3] et à Ancóne[4], pendant qu’il y travaillait, il fut appelé à Ferrare par le duc Borso, dans le palais[5] duquel il peignit plusieurs chambres qui furent détruites par le duc Ercole, pour reconstruire le palais à la moderne, de manière que, dans cette ville, il ne reste de la main de Piero qu’une chapelle, peinte à fresque, dans l’église Sant’ Agostino et qui, d’ailleurs, est endommagée par l’humidité[6].

S’étant ensuite rendu à Rome à la requête du pape Nicolas V, il peignit dans le palais, communément avec Bramante de Milan[7], deux sujets dans les chambres supérieures, qui furent pareillement dé-

  1. Erreur ; son père vivait encore en 1465.
  2. Né en 1472, quand Piero était déjà vieux. Vasari l’a peut-être confondu avec Guidantonio di Montefeltro qui mourut en 1445, ou avec son fils Federigo, dont le portrait peint par Piero est aux Offices, avec celui de Battista Sforza, sa femme, il reste de Piero, à Urbin, un tableau dans le Dôme, qui représente la Flagellation du Christ, signé : OPVS PETRI DE BVRGO SANCTI SEPVLCHRI.
  3. Il n’y reste rien de lui.
  4. Ibid. À Rimini, une fresque, dans le temple des Malatesti, représente Sigismond Pandolfo Malatesta, à genoux devant Sigismond, roi de Bourgogne, et signée : PETRI DE BURGO OPUS. MCCCCLI.
  5. Palais Schifanoja. Borso régna de 1460 à 1471.
  6. L’église Sant’Agostino n’existe plus.
  7. Qu’on appelle généralement Bramantino.