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On conserve à Santa Maria del Fiore deux énormes livres[1] ornés par Fra Giovanni de miniatures vraiment divines ; on ne les montre que les jours de grande solennité.


 

Leon-Batista ALBERTI
Architecte florentin, né en 1404, mort en 1472

Les belles lettres sont toujours d’une grande utilité pour les artistes qui s’y adonnent, particulièrement pour les sculpteurs, peintres et architectes, en leur ouvrant la voie de l’invention, en ornant leur esprit et en perfectionnant leur jugement. Leon-Batista Alberti[2] en est la preuve manifeste : ayant appris la langue latine, et ayant étudié l’architecture, la perspective et la peinture, il laissa des écrits grâce auxquels il surpassa dans la théorie quantité d’autres artistes qui lui sont restés supérieurs dans la pratique. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit plus connu par ses livres que par ses œuvres manuelles.

Leon-Batista, né à Florence[3], de la noble famille degli Alberti, non seulement s’appliqua à étudier l’univers et à mesurer les monuments antiques, mais encore son inclination naturelle le poussa plus à écrire qu’à produire. Très versé dans l’arithmétique et la géométrie, il écrivit un ouvrage en latin sur l’architecture, divisé en dix livres, qu’il publia en 1485[4], et qui a été depuis traduit en florentin par Messer Cosimo Bartoli, prévôt de San Giovanni de Florence. Sur la peinture, il écrivit trois livres, traduits aujourd’hui en toscan par Messer Lodovico Domenichi. On lui doit encore des traités de mécanique et de la manière de prendre les mesures, les livres de la Vie Civile[5], et quelques œuvres amoureuses en prose et en vers. Il fut le premier qui essaya d’introduire les mètres latins dans la versification italienne, comme on le voit dans l’épître qui commence par ces vers :

 

Questa per estrema miserabile pistola mando
A te che spregi miseramente noi.
  1. Actuellement à la Bibliothèque Laurentienne ; attribution incertaine.
  2. À vingt ans, il écrivit une comédie, Philodoxos, qui fut crue antique et imprimée par Alde Manuce. Il fut également versé dans le droit canon et l’histoire religieuse. Il obtint diverses dignités ecclésiastiques.
  3. Né à Venise, où sa famille s’était réfugiée.
  4. Dédié à Laurent le Magnifique, au nom de son frère Bernardo.
  5. Il est l’auteur du traité del Governo della famiglia, qu’on attribuait autrefois à Agnolo Pandolfini.