Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/400

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Leon-Batista, se trouvant à Rome, du temps de Nicolas V, qui, dans sa manie de bâtir, avait mis cette ville sens dessus-dessous, entra, par le moyen de son ami Biondo da Forlì[1], au service du pape, qui jusqu’alors utilisait les conseils de Bernardo Rossellino, sculpteur et architecte florentin. Celui-ci, ayant commencé à restaurer le palais du pape et à exécuter différents travaux à Sainte-Marie-Majeure, s’inspira dorénavant des conseils de Leon-Batista, en sorte que le pape, avec le conseil de l’un et la main de l’autre, fit faire plusieurs choses utiles et dignes d’éloges, telles que la restauration de l’aqueduc dell’Acqua Vergine[2] (2) et l’érection de la fontaine sur la place de Trevi[3], avec les ornements en marbre, les armes du pape et du peuple romain qu’on y voit à présent.

Étant allé ensuite à Rimini, auprès de Sigismondo Malatesta, il fit pour lui le modèle de l’église de San Francesco et particulièrement de la façade en marbre[4]. L’église dut être entourée d’une longue file d’arcades formant galerie, sous chacune desquelles devaient être placés les mausolées des hommes illustres de la ville de Rimini. En somme, il éleva cette construction si solide et de telle sorte qu’on la regarde comme un des temples les plus fameux de l’Italie. Il renferme six chapelles admirables, dont une, très ornée, est dédiée à saint Jérôme et contient un grand nombre de reliques apportées de Jérusalem. On y voit également le tombeau de Sigismondo, et celui de sa femme[5], en marbre, richement sculptés en 1450 ; l’un d’eux est surmonté du portrait du prince et d’un autre côté on voit celui de Leon-Batista.

L’an 1457[6] que l’Allemand Jean Gutenberg fit l’utile invention d’imprimer les livres, Leon-Batista trouva par analogie, et au moyen d’un instrument, le mode de reproduire les perspectives naturelles, d’amplifier et de diminuer les figures, toutes choses originales, ingénieuses et très utiles à l’art. Dans ce temps, Giovanni di Paolo Rucellai, voulant faire élever, en marbre et à ses dépens, la façade principale de Santa Maria Novella, en parla à Leon-Batista, son ami intime qui lui donna non seulement ses conseils, mais encore un dessin, en sorte qu’il résolut de mettre son projet à exécution, pour laisser de lui un souvenir à sa

  1. Secrétaire d’Eugène IV, puis de Nicolas V.
  2. En 1453.
  3. Refaite sous Clément XII par Niccolo Salvi.
  4. La construction du temple dura de 1447 à 1450, d’après l’inscription portée sur la façade.
  5. La célèbre Isotta.
  6. Date incertaine. 1455 ?