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patrie[1]. Cette entreprise fut achevée, l’an 1477, à la grande satisfaction de toute la ville. Il fit, également, pour Cosimo[2] Ruccellai, le dessin du palais situé Via della Vigna et de la loggia qui est en face[3]. Malheureusement il commit, dans la disposition de son plan ét l’érection de ses arcades, des écarts qui l’obligèrent à quelques ressauts qui nuisent à la régularité du reste de l’ouvrage. Ces fautes montrent que l’on ne peut rien produire de parfait en architecture, si l’on ne joint pas à la théorie la pratique du métier. Pour la même famille et dans le même style, il construisit, dans l’église San Brancazio[4], une chapelle, dans laquelle les architraves sont portées par deux colonnes et deux pilastres, traversant le mur de l’église ; construction difficile mais très solide et qui est une de ses meilleures productions. Au milieu de la chapelle se trouve un sépulcre en marbre, en forme d’ovale allongé, semblable à celui de Jésus-Christ, à Jérusalem, comme l’indique une inscription.

À la même époque, Lodovico Gonzaga, marquis de Mantoue[5], voulut élever dans la Nunziata de’ Servi, à Florence, la tribune et la grande chapelle, sur le dessin et le modèle de Leon-Batista. Celui-ci ayant fait détruire, à l’extrémité de l’église, une vieille chapelle carrée, couverte de peintures anciennes, fit la tribune en forme de rotonde, construction originale et difficile, entourée de neuf chapelles rayonnantes et formées par neuf arcades. Les bandeaux des arcs cintrés semblent de biais et hors d’aplomb quand on les voit de côté, ce qui produit un effet disgracieux. Si Leon-Batista avait été aussi habile praticien que théoricien, il aurait facilement laissé de côté cette difficulté et donné plus de grâce et de beauté à son édifice, qui, du reste, mérite de justes éloges.

Il fut ensuite emmené à Mantoue par Lodovico Gonzaga, qui le chargea de faire divers modèles, entre autres celui de l’église Sant’Andrea[6]. Sur la route de Mantoue à Padoue, on rencontre quelques temples où l’on reconnaît également sa manière.

En peinture, il laissa des ouvrages[7] qui ne se distinguent ni par leur grandeur, ni par leur beauté. Dans une petite chapelle de la Vierge,

  1. Alberti ne fit que terminer la façade. On y lit l’inscription suivante : IOHANES ORICELLARIVS. PAV. F. AN. SAL. MCCCCLXX.
  2. Lire Giovanni.
  3. Existent encore ; construits de 1451 à 1455.
  4. Église supprimée ; le tombeau existe encore, daté 1467.
  5. Capitaine général de la République de Florence.
  6. Cette église fut commencée en 1472, après la mort d’Alberti.
  7. Qui n’existent plus.