Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/411

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ment dans sa patrie mais encore en Lombardie et dans la Marche Trévisane, tant parce qu’il n’y avait pas eu jusque-là d’artistes excellents dans la partie, que parce qu’il avait une bonne manière de faire dans la fonte des métaux.

Il était déjà vieux lorsque la Seigneurie de Venise résolut d’élever une statue équestre en l’honneur de Bartolommeo de Bergame. Elle confia l’exécution du cheval à Andrea del Verrocchio, Florentin, et celle de la figure à Vellano. Andrea, qui se sentait avec raison bien supérieur à Vellano et qui pensait obtenir le travail entier, se mit dans une telle colère qu’il brisa le modèle du cheval, déjà terminé, et se retira à Florence. Mais la Seigneurie l’ayant rappelé, avec la promesse de lui donner toute l’entreprise, il revint à Venise, ce qui déplut à Vellano au point qu’il quitta Venise sans dire mot et retourna à Padoue où il vécut le reste de ses jours, se contentant de ses travaux antérieurs et honoré de toute la cité.

Il mourut[1] à l’âge de 92 ans et fut enterré au Santo avec tous les honneurs qu’il méritait, ayant illustré lui-même et sa patrie.



Fra Filippo LIPPI
Peintre florentin, né en 1406 ( ?), mort en 1469

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Fra Filippo, fils de Tommaso Lippi[2], de l’ordre des Carmes, naquit à Florence, dans la via Ardiglione, au coin della Cuculia et derrière le couvent des Carmes. Après la mort de son père, il resta pauvre et orphelin, à l’âge de deux ans, sa mère étant morte peu de temps après l’avoir mis au monde. Il resta donc à la charge de Mona Lapaccia, sa tante paternelle, qui, après l’avoir élevé jusqu’à l’âge de huit ans avec beaucoup de peine, à cause de sa pauvreté, le mit, ne pouvant plus le nourrir, au couvent susmentionné del Carmine[3]. Autant il était adroit et ingénieux dans les ouvrages de main, autant il se montrait inhabile et rebelle à apprendre dans l’étude des lettres, auxquelles il ne voulut jamais s’appliquer ni les avoir pour amies. Ce petit garçon, qu’on appelait Filippo de son nom mondain, étant avec les autres enfants en noviciat et sous la discipline du maître de grammaire pour voir ce qu’il saurait faire, au lieu d’étudier ne faisait autre

  1. Un document de 1492 dit en parlant de lui : essendo morto el Bellan.
  2. Qui était boucher de sa profession.
  3. À quinze ans, il fit profession, le 8 juin 1421. [Annales del Carmine.]