Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/446

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On y reconnaît l’application qu’il apportait à l’exercice de son art, et la conscience avec laquelle il exécutait ses œuvres. Dans la garde-robe du duc de Ferrare, on voit de sa main plusieurs portraits sur tableaux, peints d’après l’original, qui sont très bien faits et ressemblants. À Ravenne, dans l’église San Domenico, il peignit à l’huile le tableau de la chapelle San Bastiano, et à fresque plusieurs histoires très estimées[1]. Étant allé ensuite à Bologne, il peignit, dans la chapelle Mariscotti de l’église San Petronio, un tableau représentant un saint Sébastien attaché à la colonne et percé de flèches, avec d’autres figures[2]; cette œuvre, peinte en détrempe, fut la meilleure qu’on eût encore vue dans cette ville. Il est encore l’auteur du tableau de saint Jérôme[3] de la chapelle des Castelli et du saint Vincent[4] de la chapelle des Grifoni ; ces deux tableaux sont peints en détrempe. La prédelle du deuxième fut peinte par un de ses élèves, Ercole Grandi, qui se comporta beaucoup mieux que son maître dans son tableau. Dans la chapelle des Rossi de la même église, il peignit la Vierge entre quatre saints, à savoir saint Jacques, saint Georges, saint Sébastien et saint Jérôme[5], qui est la meilleure œuvre et dans la plus douce manière de toutes les œuvres qu’il ait jamais faites.

Étant ensuite entré au service de Francesco Gonzaga, marquis de Mantoue, il peignit pour lui, dans une chambre du palais San Sebastiano, plusieurs sujets, partie à la gouache, partie à l’huile[6]. Sur l’un d’eux, il y a la marquise Isabelle, peinte au naturel, et entourée de dames qui, chantant et jouant de diverse manière, font entendre une douce harmonie. Sur un autre est la déesse Latone qui métamorphose, selon la fable, des paysans en grenouilles. Dans le troisième, le marquis Francesco est guidé par Hercule dans le chemin de la vertu, sur la cime d’une montagne consacrée à l’éternité. Sur un autre panneau, on voit le même marquis posé sur un piédestal, en triomphateur, le bâton à la main ; autour de lui sont quantité de seigneurs et de serviteurs tenant des drapeaux et pleins de joie à la vue de sa grandeur ; parmi eux, il y a un nombre infini de portraits. Il peignit encore, dans la grande salle où sont actuellement les Triomphes de Mantegna, deux panneaux, à savoir un

  1. Ces peintures n’existent plus.
  2. Existe encore ; attribué également à Cossa.
  3. Existe encore.
  4. Actuellement Casa Aldovrandi.
  5. Existe encore, chapelle Bacciocchi, signée : LAVRENTIS COSTA F. 1492.
  6. Toutes ces peintures ont été détruites en 1630, lors du sac de Mantoue par les Allemands. Le Louvre possède un tableau de Costa, provenant du Studio de la marquise, et qui la représente couronnée par l’Amour.