direction des premières constructions entreprises par le pape, avant la venue de Bramante. Antonio, qui était resté à Florence, où Piero Soderini était gonfalonier, continua la bâtisse du Poggio Impériale à laquelle on faisait travailler tous les prisonniers pisans afin de hâter l’achèvement de cette construction. La vieille forteresse d’Arezzo ayant été détruite par suite des événements qui arrivèrent dans cette ville[1], Antonio donna le dessin de la nouvelle, avec le consentement de son frère, qui vint tout exprès de Rome, où il retourna presque aussitôt. Pour cette raison Antonio fut nommé par les Florentins architecte de toutes les fortifications de leur ville[2].
Au moment où Giuliano revint à Rome, on agitait la question si le divin Michel-Ange Buonarroti devait être chargé de l’érection du tombeau de Jules II Giuliano encouragea fort le pape dans cette entreprise, ajoutant même qu’il fallait construire une chapelle tout exprès pour cette sépulture, parce qu’il n’y aurait pas assez de place dans le vieux Saint-Pierre, et que du reste le travail en serait plus parfait. Plusieurs artistes ayant donc présenté des dessins, on arriva peu à peu à laisser de côté l’idée de la chapelle pour commencer la grande bâtisse du nouveau Saint-Pierre.
À ce moment-là, Bramante da Castel Durante, ayant quitté la Lombardie et étant arrivé à Rome, fit si bien par ses intrigues de toute sorte, et ayant pour lui Baldassare Peruzzi, Raphaël d’Urbin[3] et d’autres architectes, qu’il mit tout en confusion et fit perdre beaucoup de temps en conférences. Enfin il sut si bien s’arranger que la direction de Saint-Pierre lui fut confiée comme à l’homme du meilleur jugement, de la plus grande capacité et du plus vaste génie. Giuliano indigné, et se trouvant offensé par le pape, auquel il avait montré tant de dévouement lorsque celui-ci n’était encore que cardinal, et qui, du reste, lui avait promis de le charger de cette entreprise, demanda son congé, quoi qu’il eût été associé à Bramante pour les autres édifices qui s’élevaient à Rome. Il revint donc à Florence, ayant reçu de riches présents du pape, et fut immédiatement employé par Piero Sederini. Mais, à peine six mois s’étaient-ils écoulés, que Messer Bartolommeo della Rovere, neveu du pape et grand ami de Giuliano, écrivit à celui-ci, au nom du pape, que, pour ses intérêts, il devait retourner à Rome ; ni sollicitation, ni promesse ne purent changer la résolution de Giuliano, à qui il paraissait qu’il avait été