Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/139

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Les deux autres peintures représentent le sacre de François Ier par Léon X[1] et le couronnement de ce monarque. Le roi et le pape, l’un couvert de ses armes et l’autre de ses habits pontificaux, ont été peints d’après nature, ainsi que la plupart des assistants. On ne saurait décrire tous les détails des œuvres de Raphaël, mais elles parlent d’elles-mêmes. Ainsi les soubassements de cette salle portent les images des défenseurs et des bienfaiteurs de l’Église[2], placés entre des termes. Comme la voûte de la salle avait été peinte par Pietro Perugino, Raphaël ne voulut pas la détruire, par reconnaissance et affection pour son ancien maître qui avait été le promoteur du haut rang qu’il tenait dans l’art.

La grandeur de cet homme était telle qu’il entretenait des dessinateurs dans toute l’Italie, à Pouzzoles et jusqu’en Grèce, afin de se procurer tout ce qui pouvait être utile à son art. Il peignit encore une salle du Vatican avec des figures faites en grisaille et représentant des apôtres et d’autres saints[3] dans des niches. Avec l’aide de Jean d’Udine, son élève, qui excellait à peindre les animaux, il représenta tous ceux qui se trouvaient dans la ménagerie du pape. Outre les grotesques et les pavements variés dont il embellit le palais, il donna aussi le dessin des escaliers et des nouvelles loges[4] commencées par Bramante et restées inachevées à la mort de celui-ci, pour lesquelles il fit un modèle en bois, avec un ordre plus grand et plus orné que celui de Bramante. Léon X voulant montrer la grandeur de sa magnificence et de sa générosité, Raphaël fit les dessins des stucs, des sujets qui y furent peints et des distributions[5]; quant aux stucs et aux grotesques, il en chargea Jean d’Udine et confia les figures à Jules Romain, quoique ce dernier s’en occupât peu. Ainsi Giovan Francesco, le Bologna, Ferino del Vaga, Pellegrino, Vincenzio da San Gimignano, Polidoro da Caravagio et beaucoup d’autres artistes travaillèrent aux sujets, aux figures et à tout ce qui était relatif à ce travail, que Raphaël voulut mener à fin avec une telle perfection qu’il appela Luca della Robbia de Florence[6] pour exécuter les carreaux du parquet.

  1. Celui de Charlemagne par Léon III. Peint en 1517 par ses élèves. On y voit effectivement les portraits de François Ier et de Léon X. L’autre fresque représente la Justification de Léon III.
  2. Repeints par Carlo Maratta
  3. Détruits sous Paul IV.
  4. Loges de la Cour San Damase.
  5. Cinquante-deux sujets de l’Ancien et du Nouveau Testament, appelés la Bible de Raphaël.
  6. Luca d’Andrea, petit-fils de Luca l’Ancien.