trois grandes fenêtres de la chapelle principale, de vingt brasses chacune ; quand ces vitraux furent achevés et mis en place, ils ne satisfirent point les Arétins, quoique certes ils ne fussent pas sans mérite. Or il arriva qu’à cette époque Messer Lodovico Guillichini, médecin distingué et l’un des citoyens qui gouvernaient Arezzo, étant allé à Cortona pour soigner la mère du cardinal, se lia d’amitié avec Guillaume, au point qu’il passait, à causer avec lui, tout le temps dont il pouvait disposer ; le peintre, qui portait alors le titre de prieur, parce qu’il avait obtenu le bénéfice d’un prieuré, s’affectionna beaucoup de son côté au médecin, et lorsque celui-ci lui demanda un jour s’il consentirait, avec l’assentiment du cardinal, à venir faire quelques ouvrages à Arezzo, il s’y montra disposé et s’y rendit, en effet, avec l’approbation du cardinal.
Staccio, ayant rompu son association avec Domenico Pecori, accueUlit dans sa maison Guillaume, qui débuta dans cette ville par un vitrail, dans la chapelle degli Albergotti, dédiée à sainte Lucie, à l’évêché. Il représenta cette sainte et saint Sylvestre, avec tant de vérité qu’on croirait les figures vivantes et non de verres transparents et colorés. Outre la représentation remarquable des chairs, les verre sont attaqués, c’est à dire dépouillés de leur épiderme et recouvert ensuite d’une autre couleur, jaune sur verre rouge, blanc et vert su azur, chose extraordinaire et difficile. En réalité, la première couleur reste intacte d’un côté, soit rouge, azur ou vert, et l’autre côté, si on en enlève l’épaisseur d’un couteau, ou un peu plus, est blanc. Plusieurs, de peur de faire éclater les verres, par manque de pratique, ne se servent pas d’une pointe en fer pour les écailler, et, pour plus de sécurité, creusent les verres avec une roue de cuivre portant une dent de fer ; ils usent ainsi les verres avec de l’émeri, de manière à les laisser blancs d’une parfaite netteté. Sur le verre devenu blanc de cette manière, si l’on veut peindre du jaune, il faut promener avec un pinceau de l’argent calciné, juste au moment où la vitre va être mise au feu ; ces parcelles d’argent entrent en fusion, pénètrent le verre et donnent un jaune superbe.
C’est dans ces réelles difficultés que brillaient l’intelligence et l’art de Guillaume ; c’est là surtout qu’il était sans égal. Car peindre à l’huile ou autrement sur le verre, c’est peu de chose ou rien ; lui conserver la transparence est peu difficile ; mais fondre toutes les couleurs au feu, et faire qu’elles résistent à l’action de l’air et de l’eau et qu’elles durent indéfiniment, voilà un travail considérable et digne d’éloges. C’est ainsi que ce maître excellent fut digne d’une renommée infinie,