Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/168

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Médicis, alors en train de construire la forteresse de Prato, fit en pierre grise, à l’encoignure extérieure du boulevard principal de cette citadelle, les armes de l’empereur Charles-Quint soutenues par deux Victoires nues et de grandeur naturelle[1]. Au coin d’un autre boulevard, c’est à dire au midi, du côté de la ville, il plaça les armes du duc Alexandre, supportées également par deux figures[2].

Peu de temps après, il fit un grand crucifix en bois pour les religieuses de Sant’Apollonia, et, pour Alexandre Antinori, noble et riche marchand florentin, qui mariait une de ses filles, un splendide apparat avec des statues, des sujets et d’autres ornements très beaux. Étant allé ensuite à Rome, Michel-Ange lui donna à sculpter deux statues en marbre, hautes de cinq brasses[3], pour le tombeau de Jules II, à San Pietro in Vincula, que Michel-Ange était en train de terminer et d’édifier. Mais Raffaello, étant tombé malade, ne put consacrer son application accoutumée à ces figures dont Michel-Ange fut très peu satisfait. Ayant été appelé ensuite à Orvieto, il fit en marbre, dans une chapelle (où Mosca, sculpteur excellent, avait fait auparavant plusieurs ornements très beaux en demi-relief) l’épisode des rois Mages, qui fut très bien réussie, tant pour la variété des figures que pour le beau style dont il fit preuve. Étant retourné ensuite à Rome, il devint architecte du château Saint-Ange, grâce à Tiberio Crispo, châtelain de cet important édifice. Il y fit de nombreuses réparations, et orna plusieurs chambres de sculptures en pierres et en marbres variés, pour les cheminées, les fenêtres et les portes. En outre, il fit une statue en marbre, haute de cinq brasses, représentant l’Ange du château, qui est au sommet de la tour carrée du milieu, sur laquelle est le drapeau, et qu’il fit en similitude de l’Ange qui apparut à saint Grégoire, quand ce pontife, supplié par le peuple, accablé par une peste effroyable, le vit remettre son épée au fourreau[4]. Peu de temps après, il fut chargé par le très révérend cardinal Salviati et par Messer Baldassare Turini da Pescia d’exécuter la statue de Léon X qui est aujourd’hui à la Minerva de Rome, sur le tombeau de ce pape[5] ; lorsqu’il eut

  1. N’existent plus.
  2. En mauvais état.
  3. Michel-Ange lui donne trois statues à terminer, pour le tombeau de Jules II, le 27 février 1542, pour 400 écus. Il fit un Prophète et une Sibylle sur les dessins de Michel-Ange.
  4. Cette statue, mutilée et maintes fois frappée par la foudre, fut remplacée, au XVIIIe siècle, par une autre en bronze, due au fondeur Giardoni.
  5. Existe encore.