Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/184

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sente quelques enfants recevant l’habit de saint Philippe des mains des religieux.

Après avoir ainsi achevé un côté de la cour, jugeant qu’il retirait de ses peines trop d’honneur et pas assez de profit, Andrea résolut de ne pas continuer le reste de l’ouvrage, bien que le frère s’en plaignit beaucoup ; mais ce dernier ne voulut pas lui causer d’ennuis, à cause de leur traité, pourvu qu’Andréa lui promît deux autres peintures qu’il devait faire, tout à loisir, et moyennant une augmentation de prix ; c’est ainsi qu’ils se remirent d’accord. Grâce à ces œuvres, Andrea, étant plus connu, reçut la commande de plusieurs tableaux et d’ouvrages d’importance. Entre autres, le général des moines de Vallombrosa le chargea[1] de peindre, dans le monastère de San Salvi, hors la Porta alla Croce, une Sainte Cène, sur une des parois du réfectoire, et, sur la voûte, quatre médaillons contenant les portraits de saint Benoît, de San Giovanni Gualberto, de l’évêque San Salvi et du cardinal San Bernardo degli Uberti, de Florence[2], religieux de ce couvent. Un cinquième médaillon, placé au centre, renferme la Trinité, figurée par une tête à trois faces. Ces fresques, habilement exécutées, firent estimer Andrea ce qu’il était réellement en peinture.

Par l’entremise de Baccio d’Agnolo, il eut ensuite à peindre à fresque, dans la ruelle qui va d’Or San Michele au Mercato Nuovo, et sur un coin, l’Annonciation en petites proportions qu’on y voit encore[3] et qui ne fut pas très estimée, ce qui provint peut-être de ce qu’Andréa, qui réussissait bien quand il ne cherchait pas à se sur passer ou à forcer la nature, voulut dans cette œuvre, dit-on^ se surpasser et la traiter avec un soin trop minutieux. Entre autres tableaux qu’il fit ensuite à Florence et qu’il serait trop long d’énumérer on peut citer, parmi les plus remarquables, celui qui est actuellement chez Baccio Barbadori et qui représente une Vierge en pied tenant son Fils, avec sainte Anne et saint Joseph, traités dans une belle manière Il fit pareillement un tableau remarquable, qui est chez Lorenzo di Domenico Borghini, et une Vierge pour Lionardo del Giocondo Deux petits tableaux peints pour Carlo Ginori furent ensuite achetés par le magnifique Ottaviano de’Medici ; l’un est dans sa belle villa d Campi, et l’autre chez son fils Bernadette[4],

  1. Le 15 juin 1519.
  2. Toutes ces peintures existent encore.
  3. Elle est presque détruite.
  4. Tous ces tableaux sont perdus.