Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/186

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mais encore au Francia Bigio, qui, de son côté, termina la sienne.

Dans le même temps, Andrea fit, pour la Badia de San Godenzo, appartenant au même ordre, un tableau[1] qui fut très estimé, et pour les religieux de San Gallo, un tableau représentant l’Annonciation[2], dans lequel on voit une union de couleurs très agréable et quelques têtes d’anges accompagnant l’archange Gabriel, doucement fondues, et d’une beauté de visage parfaitement rendue.

Andrea peignit ensuite un tableau de figures en petites dimensions, pour Zanobi Girolami, sur lequel on voit un trait de l’histoire de Joseph, fils de Jacob[3], et, pour les membres de la Compagnie de Santa Maria della Neve, derrière les sœurs de Sant’ Ambrogio, sur un petit tableau, les trois figures de la Vierge, de saint Jean-Baptiste et de saint Ambroise[4]. Cette œuvre terminée fut posée plus tard sur l’autel de cette Compagnie. Andrea, cependant s’était lié, grâce à son mérite avec Giovanni Gaddi, qui fut ensuite clerc de la chambre, et qui faisait alors continuellement travailler Jacopo Sansovino, en homme qui appréciait les arts du dessin. La manière d’Andrea lui plaisant, il lui fit faire pour soi un tableau d’une Vierge admirable[5], qui fut estimée la plus belle œuvre qu’Andréa eût peinte jusqu’alors, tant à cause des modèles qu’il employa que de toutes les difficultés ingénieuses qu’il résolut. Il fit ensuite un autre tableau de la Vierge, pour Giovanni di Paulo, mercier, qui plut infiniment à tous ceux qui le virent, et, pour Andrea Sertini, un autre tableau représentant la Vierge, Jésus-Christ, saint Jean et saint Joseph, exécutés avec tant de soin qu’ils furent toujours estimés depuis, à Florence, être une peinture des plus remarquables[6]. Toutes ces œuvres valurent à Andrea une telle renommée dans sa patrie, que, parmi tant de peintres jeunes et vieux qui travaillaient alors, il était regardé comme un des meilleurs. Il était donc très honoré, et, bien qu’il se fît peu payer, il se trouvait en état de secourir sa famille et de vivre à l’abri des ennuis et des dégoûts qu’éprouvent ceux qui vivent pauvrement. Mais, s’étant épris d’une jeune femme qui, peu de temps après, étant restée veuve, devint sa femme, il eut à souffrir et à peiner le reste de sa vie, plus qu’il ne l’avait fait jusqu’alors, car, outre les embarras inhérents à sa

  1. Une Annonciation, au palais Pitti.
  2. Id., signée : ANDREA DEL SARTO.
  3. Collection Cowper, en Angleterre.
  4. Tableau perdu.
  5. Qui est toujours dans la famille Gaddi-Poggi.
  6. Ces deux tableaux sont perdus.