Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/190

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dans la Via della Scala, et la moitié de cette rue était pleine de belles peintures exécutées par divers artistes, mais pour la plupart dessinées par Baccio Bandinelli. En un mot, l’entrée de Léon X à Florence, qui eut lieu le 3 septembre 1516 offrit un apparat qui fut le plus grand et le plus beau qu’on ait jamais vu.

Revenons à Andrea. Sollicité de nouveau de faire un autre tableau pour le roi de France, il termina promptement une très belle Madone[1], qui fut expédiée aussitôt, et que les marchands vendirent quatre fois plus cher qu’il ne l’avaient eux-mêmes payée. Justement alors Baccio d’Agnolo venait de sculpter, pour une chambre de Pier Francesco Borgherini, diverses espèces de sièges, de coffres et un lit en noyer. Borgherini, voulant que les peintures fussent en harmonie avec l’excellence des autres travaux, chargea Andrea d’une partie des peintures en petites dimensions et représentant quelques faits de l’histoire de Joseph[2], dont plusieurs sujets avaient déjà été traités avec succès par le Granacci et Jacopo da Pontormo. Andrea s’efforça de l’emporter sur ses deux concurrents et y réussit parfaitement. Pendant le siège de Florence, Giovambatista della Palla essaya d’enlever ces peintures des parois où elles étaient fixées, pour les offrir au roi de France, mais, comme elles tenaient de manière que toute l’œuvre aurait été gâtée, on les laissa en place avec une Vierge du plus haut prix.

Andrea fit ensuite une tête de Christ, que les frères des Servi ont placée actuellement au-dessus de l’autel della Nunziata[3] ; elle est si belle, selon moi, que je ne sais si l’esprit humain est capable d’en imaginer une plus belle, en tant que tête de Christ. Les chapelles de l’église de San Gallo, hors la porte du même nom, renfermaient, outre deux tableaux d’Andrea, quantité de peintures qui ne les valaient pas. Comme il s’agissait d’en faire exécuter une nouvelle, les frères agirent auprès du possesseur de la chapelle, pour qu’il allouât cette œuvre à Andrea. Celui-ci se mit aussitôt à l’œuvre et représenta quatre personnages debout, discutant le mystère de la Trinité[4]. Saint Augustin, que distinguent ses habits épiscopaux et sa physionomie vraiment africaine, se tourne avec véhémence vers saint Pierre martyr, qui brandit un livre ouvert, dans une attitude et avec un geste vraiment terribles.

  1. Au Musée du Louvre.
  2. Deux de ces tableaux sont au palais Pitti ; l’un d’eux est signé : ANDREA DEL SARTO FACIEBAT. Ceux du Pontormo sont aux Offices.
  3. Toujours en place.
  4. Au palais Pitti, signé : AND. SAR. FLO. FAC.