Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/193

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Lorsqu’il s’en alla en France, la Compagnia della Scalzo, pensant qu’il ne devait plus jamais revenir, avait alloué le reste des peintures de la cour au Francia Bigio, qui y avait déjà peint deux histoires, quand Andrea revint à Florence. La Compagnie fit en sorte qu’il reprit ce travail qu’il continua en faisant quatre histoires, l’une à côté de l’autre. Dans la première, saint Jean, prisonnier, est amené devant Hérode. Dans la deuxième, on voit le Festin d’Hérode et la Danse d’Hérodiade, avec des figures bien appropriées à ce sujet. Le troisième représente la Décollation de saint Jean, dans laquelle le bourreau, à demi-nu, est une figure remarquablement dessinée, ainsi que toutes les autres. Dans la quatrième. Hérodiade présente la tête de saint Jean à sa mère ; on y voit quelques figures plongées dans l’étonnement, qui sont faites avec de belles considérations. Ces peintures ont été, pendant un temps, l’objet des études d une foule de jeunes gens, qui sont aujourd’hui d’excellents maîtres. Hors la Porta a Pinti, au coin de la rue qui se dirige vers les Jésuites, il fit à fresque, dans un tabernacle, une Vierge assise tenant l’enfant Jésus[1], et accompagnée d’un petit saint Jean qui rit, non moins remarquable par sa vivacité et sa gentillesse que par la perfection avec laquelle il est peint. La tête de la Vierge est le portrait d’après nature de la femme d’Andrea. Ce tabernacle, à cause de l’incroyable beauté de la peinture, fut laissé sur pied, l’an 1530, pendant le siège de Florence, quand on détruisit le couvent des Jésuites et quantité d’autres édifices fort beaux.

Vers cette époque, Bartolommeo Panciatichi l’ancien, qui faisait en France de grandes affaires commerciales désirant laisser de lui un souvenir à Lyon, écrivit à Baccio d’Agnolo de demander à Andrea et de lui envoyer un tableau de l’Assomption de la Vierge avec les Apôtres autour du sépulcre[2]. Andrea conduisit cet ouvrage presque entièrement à fin ; mais le panneau s’étant fendu plusieurs fois, tantôt il y travailla, tantôt il le laissa de côté, si bien que le tableau n’était pas entièrement fini à sa mort. Plus tard, Bartolommeo Panciatichi le jeune recueillit dans sa maison cette peinture qui est vraiment digne d’éloges, à cause des admirables figures des Apôtres et celle de la Vierge entourée par un chœur de petits anges, tandis que d’autres la soutiennent et la portent avec une grâce extrême. Dans le fond du tableau, Andrea s’est représenté parmi les Apôtres avec tant de vérité qu’il paraît vivant. Au bout du jardin des Servi, et sur deux coins, Andrea

  1. Existe encore, en mauvais état.
  2. Actuellement au palais Pitti, de même qu’un tableau analogue ; commandé en 1526 par Margerita Passerini.