mendicité ; outre qu’il y laissa toutes ses affaires, il dut payer une forte rançon pour sortir des mains des Espagnols, puis il quitta Rome pour ne plus y revenir. À dater de ce moment, il ne produisit plus que très peu d’ouvrages. Notre art doit conserver à Marc Antonio une grande reconnaissance pour avoir donné un début et un développement à la gravure en Italie, dont les autres artistes ont depuis profité, comme on le verra plus loin.
À cette époque, Agostino de Venise, dont nous avons déjà parlé, vint à Florence, dans l’espoir de s’associer avec Andrea del Sarto, qui, après Raphaël, était regardé comme l’un des meilleurs peintres de l’Italie. Andrea, ayant consenti à faire graver ses œuvres, dessina un Christ mort soutenu par trois anges ; mais, comme la gravure ne vint pas à son idée, il ne voulut plus laisser graver un seul de ses tableaux. Ce ne fut qu’après sa mort que l’on publia la Visitation de sainte Elisabeth et le saint Jean baptisant des fidèles, tirés de la série peinte en clair-obscur par lui, dans la cour dello Scalzo, à Florence.
Outre les œuvres qu’il exécuta en compagnie d’Agostino, Marco de Ravenne grava aussi, tout seul, de nombreuses planches que l’on reconnaît à sa marque, et qui sont toutes vraiment dignes de louanges. Bien d’autres sont venus après ceux-ci et ont excellemment travaillé la taille, en sorte que chaque pays a pu profiter et voir les œuvres remarquables des artistes excellents, et il n’en a pas manqué qui ont eu l’idée de graver sur bois des estampes qui paraissent coloriées au pinceau en clair-obscur, chose ingénieuse et difficile. Ainsi Ugo da Carpi, peintre médiocre, eut un esprit subtil dans les autres fantaisies. Il employait deux planches, dont l’une, gravée à la manière ordinaire, lui donnait les contours et les ombres, et l’autre donnait l’impression de la couleur ; les lumières étaient obtenues au moyen du blanc du papier que les tailles laissaient intact, en sorte que la planche une fois tirée paraissait éclaircie à la céruse. Ugo exécuta de cette façon, d’après un dessin en clair-obscur de Raphaël, une Sibylle assise et lisant à la lueur d’une torche tenue par un enfant habillé. Encouragé par le succès, il imagina de faire des estampes sur bois en trois teintes : la première donnait les ombres, la seconde les demi-teintes, la troisième les clairs et les lumières du blanc du papier. Ce nouvel essai lui réussit, au point qu’il grava de cette manière Énée portant son père Anchise, pendant l’incendie de Troie, une Déposition de Croix et l’histoire de Simon le Magicien, dessinée par Raphaël pour les tapisseries de la chapelle. Il publia également David tuant Goliath et la Fuite des Philistins, d’après un dessin que Raphaël avait fait, pour le reproduire