Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/256

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s’arrêta jamais dans aucun, seulement, quand il ne pouvait s’y rendre à temps, il se servait de l’aide de Batista son frère.

Clément VII mort et Paul III Farnèse nommé souverain pontife, Antonio, qui avait été l’ami du pape quand celui-ci n’était que cardinal, vit son crédit s’augmenter. Sa Sainteté ayant nommé le seigneur Pier Luigi, son fils, duc de Castro, envoya Antonio dans cette ville pour dresser le plan de la citadelle que le duc y fit construire, celui du palais de l’Osteria qui est sur la place, et la Monnaie qui est bâtie en travertin, comme celle de Rome. Castro[1] doit, en outre, à Antonio les dessins d’une foule de palais et de maisons que des personnes du pays et d’autres provinces construisirent avec une incroyable magnificence, sans doute pour complaire au pape. Celui-ci faisant élever les bastions de Rome qui sont très forts, Antonio bâtit la Porta di Santo Spirito comprise entre deux d’entre eux ; par sa solidité et sa magnificence, elle peut être comparée à tout ce que l’antiquité a produit de plus beau dans ce genre[2]. Après la mort d’Antonio, il y en eut qui, poussés par l’envie plutôt que par une raison judicieuse, essayèrent d’obtenir sa démolition ; mais cela ne fut heureusement pas permis. Sous sa direction, on reprit, en sous-œuvre, presque toutes les fondations du palais pontifical qui menaçait ruine en beaucoup d’endroits, et l’on renforça particulièrement un des côtés de la chapelle Sixtine où sont les fresques de Michel-Ange, ainsi que la façade antérieure. Ce travail, qui n’amena pas la moindre fissure, offrait plus de péril que de gloire. Il agrandit aussi la grande salle qui précède la Sixtine, y ouvrit ces deux immenses fenêtres qui l’éclairent si merveilleusement et orna la voûte de compartiments en stuc d’une telle richesse que l’on peut regarder cette salle comme la plus belle et la plus splendide qu’il y eût alors au monde. Pour aller facilement à Saint-Pierre, il pratiqua des escaliers si commodes et si bien faits qu’on n’en connaît pas de plus réussis, ni anciens, ni modernes ; il bâtit pareillement la chapelle Pauline, où se trouve le Saint-Sacrement, qui est toute gracieuse et riante. À la suite de différends entre le pape et les Pérugins, Antonio construisit, à Pérouse, une forteresse[3] pour l’édification de laquelle on jeta par terre les maisons des Baglioni, et qui fut rapidement terminée. Il construisit également celle d’Ascoli ; quelques jours lui suffirent pour

  1. Cette ville fut détruite par le pape Innocent X, en 1649 ; il ne reste plus rien des travaux de San Gallo.
  2. Cette porte n’a jamais été terminée.
  3. La première pierre fut posée le 28 juin 1540. Terminée en 1543, elle fut détruite en 1848.