étaient en guerre, au sujet du lac de Marmora, comme ils le sont encore maintenant. Lorsque le lac débordait sur le territoire de Narni et que les habitants voulaient ouvrir des tranchées, ceux de Terni ne voulaient y consentir d’aucune manière. Ces querelles avaient eu lieu sous le gouvernement des empereurs païens, tout aussi bien que sous celui des papes, car, du temps de Cicéron, celui-ci fut envoyé par le Sénat pour arranger le différend, mais il ne put y réussir. L’an 1546, les deux partis adverses envoyèrent des députés prier le pape Paul III de les mettre d’accord ; Sa Sainteté leur donna pour arbitre Antonio, qui termina la difficulté en décidant que le lac devait déboucher du côté où est le mur, et le travail fut exécuté avec grande peine[1]. Il arriva, par suite des grandes chaleurs et d’autres incommodités, qu’Antonio, qui était devenu vieux et maladif, contracta une fièvre dont il mourut à Terni[2], en peu de jours, au profond chagrin de ses amis et de ses parents. Il en résulta un grand dommage pour plusieurs travaux en cours, et en particulier pour le palais Farnèse près du Campo di Fiore. Le pape Paul III, quand il était le cardinal Alexandre Farnèse, l’avait conduit abonne fin ; sur la façade antérieure il avait commencé la série des premières fenêtres, la grande salle de l’intérieur, et il avait mis en train un côté de la cour. Mais cette construction n’était pas si avancée qu’on en vît la fin ; quand Alexandre fut nommé pape, Antonio modifia le plan primitif, ayant à faire, disait-il, non plus un palais de cardinal, mais un palais pontifical. Ayant donc jeté à terre quelques maisons qui l’entouraient et les escaliers anciens, il refit à nouveau ces derniers et les rendit plus doux ; il augmenta les dimensions de la cour dans tous les sens, et en fit autant du palais, faisant les salles plus grandes, un plus grand nombre de chambres, plus ornées avec de magnifiques plafonds sculptés et d’autres ornements. Il avait déjà terminé la façade antérieure jusqu’à la hauteur des deuxièmes fenêtres, et il n’y avait plus qu’à y mettre la corniche qui supportât la toiture tout autour. Le pape, qui avait l’esprit grand, avec un excellent jugement, voulait une corniche plus belle et plus riche qu’aucune autre qui ait jamais été posée à un palais. Il ordonna donc que tous les meilleurs architectes de Rome présentassent un projet, outre ceux qu’Antonio avait faits, pour s’arrêter au plus beau, qui serait toutefois mis en œuvre par Antonio. Un matin donc, on lui présenta au Belvédère, et en présence d’Antonio, des dessins qui avaient été faits par
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