Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/321

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entrant, on voit de sa main, sur un autel, un tableau à l’huile, représentant la Vierge qui tient l’Enfant Jésus sur ses genoux, entre saint Joseph et saint Calixte[1]. On se rend compte que le Sodoma a traité ce tableau, pour le coloris, avec plus de soin qu’il n’en apportait à ses autres œuvres. Il peignit encore, pour la confrérie della Trinità, une magnifique civière à porter les morts[2] ; et, pour la confrérie della Morte, il en fit une autre qui passe pour la plus belle qu’il y ait à Sienne, et que, moi, je regarde comme la plus belle que l’on puisse rencontrer au monde, d’autant plus qu’on fait rarement de grandes dépenses pour de pareils objets[3].

À San Domenico, dans la chapelle de Sainte-Catherine-de-Sienne, il peignit deux sujets, entre lesquels se trouve un tabernacle où l’on conserve la tête de la sainte renfermée dans une tête en argent[4]. Celui de droite représente sainte Catherine venant de recevoir les stigmates de Jésus-Christ qui est dans les airs, et tombant évanouie entre les bras de deux sœurs qui la soutiennent. Sur celui de gauche, on voit l’Ange de Dieu portant à la sainte l’hostie de la communion, tandis qu’elle aperçoit dans les airs le Christ et la Vierge ; deux de ses compagnons se tiennent derrière. Sur la paroi de droite, il peignit encore un criminel qui, devant être décapité, ne voulut pas se convertir ni se recommander à Dieu, désespérant de la miséricorde divine ; la sainte, à genoux priant pour lui, voit ses prières exaucées par la bonté de Dieu, car la tête du criminel étant tombée, on voit son âme monter au ciel. Ce tableau est rempli d’une foule de figures dont la médiocrité ne doit pas étonner, car j’ai appris de source certaine que Giovannantonio était arrivé à pousser si loin la paresse qu’il peignait sans dessins, sans cartons, directement sur le mur, ce qui est une méthode déplorable : c’est ce que l’on peut vérifier dans cette peinture. Il peignit encore un Dieu le Père[5], sur l’arc antérieur de cette chapelle. Les autres sujets ne furent pas terminés par lui[6], tant parce qu’il ne voulait travailler qu’à sa fantaisie, que parce qu’il était mal payé par celui qui avait commandé cet ouvrage. À Sant’Agostino, il peignit, sur un tableau qui est à main droite en entrant, une Adoration des Mages qui est estimée

  1. Actuellement dans la chapelle du palais public.
  2. Dans la sacristie de San Donato : attribution contestée.
  3. Elle est actuellement démontée en quatre panneaux, dans l’église San Giovanni e San Gennaro ; payée 98 livres, le 27 mai 1527.
  4. Ces peintures existent encore, 1525-1526.
  5. Détruit par le tremblement de terre de 1798.
  6. Terminés en 1593 par Francesco Vanni, peintre siennois.