Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/338

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avec un dessin correct et régulier, et si le peintre s’était attaché aux détails avec autant de soin qu’il en a mis dans l’ensemble, où il exprime avec bonheur la confusion, le tumulte et l’épouvante qui régneront dans ce jour, ce serait une peinture étonnante. Qui la regarde d’abord reste stupéfait ; mais, lorsqu’on la considère avec attention, elle paraît avoir été peinte pour se moquer du monde. Sur les volets de l’orgue[1] de la même église, il a peint à l’huile la Vierge gravissant les degrés du temple ; Santa Maria dell’Orto ne possède rien de plus fini, de mieux exécuté, de plus éclatant que ce tableau. Pareillement, sur les volets de l’orgue, à Santa Maria Zebenigo, il représenta la Conversion de saint Paul[2], mais d’une manière peu étudiée. À la Carità[3], il laissa une Déposition de croix, et, dans la sacristie de San Sebastiano, en concurrence de Paolo Veronese qui peignit divers sujets sur le plafond et les parois, il fit, sur les armoires, un Moïse dans le désert et d’autres sujets qui furent ensuite continués par le vénitien Natalino et par d’autres peintres. Le même Tintoretto fit ensuite, à San Jobbe, sur l’autel della Pietà, les Trois Maries, saint François, saint Sébastien, saint Jean avec un bout de paysage[4]. Sur les volets de l’autel de l’église des Servi, saint Augustin et saint Philippe, et au-dessous Caïn tuant son frère Abel[5]. À San Felice, sur l’autel del Sacramento, à savoir sur la voûte de la tribune, il peignit les quatre Évangélistes et une Annonciation, dans une lunette, au-dessus de l’autel ; dans une autre lunette, le Christ priant sur le Mont des Oliviers ; sur la façade, le dernier repas qu’il fit avec les Apôtres[6]. À San Francesco della Vigna, il y a de la main du même, à l’autel de la Descente de Croix, la Vierge évanouie, avec les autres Maries et quelques Prophètes[7].

À la Scuola di San Marco[8], près de San Giovanni e Polo, il y a de sa main quatre grands tableaux, dans le premier[9] desquels on voit saint Marc apparaissant dans les airs et délivrant un de ses fidèles des tortures que lui préparait un bourreau, dont tous les instruments

  1. Placés dans une chapelle latérale.
  2. N’existe plus ; dans cette église, il y a d’autres peintures de Tintoretto.
  3. La Carità n’existe plus ; remplacée par l’Académie des Beaux-Arts. Les peintures della Carità et de San Sebastiano n existent plus.
  4. Tableau restitué à Giovanni Bellini, et qui est à l’Académie des Beaux-Arts.
  5. Église supprimée : les volets n’existent plus.
  6. Ces peintures n’existent plus.
  7. Tableau perdu.
  8. Devenue un hôpital civil en 1815.
  9. Actuellement à l’Académie des Beaux-Arts. Deux autres sont dans l’ancienne Librairie de Saint-Marc.