Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/345

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qui n’en avait pas l’idée, éluda toujours la question. Daniello peignit alors dans une chapelle de l’église Sant’Agostino, sainte Hélène trouvant la vraie croix et, sur les côtés, dans deux niches, une sainte Cécile et une sainte Lucie[1] ; ces fresques furent peintes partie par lui, partie d’après ses dessins, par quelques-uns de ses élèves ; aussi n’ont-elles pas la même perfection que ses autres œuvres.

À la même époque, il fut chargé, par la signora Lucrezia della Rovere, de peindre, dans l’église della Trinità, une chapelle située en face de celle de la signora Elena Orsina. L’ornement en stuc est de lui, et il y fit peindre, d’après ses cartons, sur la voûte, plusieurs sujets de la Vie de la Vierge par Marco da Siena et Pellegrino da Bologna, tandis que l’Espagnol Bizzerra et Giovan Paolo Rossetti da Volterra peignaient, sur les parois, la Nativité de Marie et la Présentation du Christ à Siméon. Il fit encore exécuter par Rossetti, dans les arcs, l’Annonciation de la Vierge et le Nativité de Jésus. À l’extérieur, dans les angles, il plaça deux grandes figures, et plus bas, sur les pilastres, deux Prophètes. Sur la paroi de l’autel, il peignit de sa propre main la Vierge gravissant les degrés du temple, et, sur la paroi principale, l’Assomption de la Vierge avec les Apôtres dans le bas[2]. Faute d’espace suffisant pour tant de figures, et pour faire une nouveauté, il mit les Apôtres sur le même plan que l’autel de la chapelle, comme si cet autel eût été le sépulcre de la Vierge ; cette disposition fut approuvée par quelques-uns, mais le plus grand nombre la blâmèrent et avec raison. Enfin, sur la dernière paroi, il fit représenter, par le Florentin Michele Alberti, son élève, le Massacre des Innocents. Daniello passa quatorze années à peindre cette chapelle qui, certes, n’est pas supérieure à celle qu’il avait peinte autrefois pour la signora Orsina.

Monsignor Giovanni della Casa, Florentin et homme très savant, comme en témoignent ses écrits en latin et en langue vulgaire, ayant commencé un traité sur la peinture, et voulant être initié à quelques minuties du métier, fit faire par Daniello, avec tout le soin possible, un modèle en terre d’un David, puis il fit peindre ce David sur les deux faces d’un tableau, curieuse composition, qui appartient actuellement à Messer Annibale Ruccellai[3]. Pour le même Giovanni, il fit un Christ mort avec les Maries[4], puis, sur une toile, pour envoyer en France, Énée enlevant ses armes, pour se coucher avec Didon et

  1. En mauvais état.
  2. Toutes ces fresques ont été fortement repeintes.
  3. Ce tableau double, peint sur ardoise, est au Musée du Louvre.
  4. Actuellement dans la galerie de Schleisheim, près Munich.