Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/359

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Charles-Quint, à qui il plut infiniment et dont Titien reçut un présent de deux mille écus. On mit un tableau du Pordenone à la place que celui de Titien devait occuper.

Il ne se passa pas beaucoup de temps que Charles-Quint, revenant à Bologne, avec l’armée de Hongrie, pour conférer avec le pape Clément, voulut de nouveau être peint par Titien. Celui-ci fit également, avant son départ de Bologne, le portrait du cardinal Hippolyte de Médicis, vêtu à la hongroise[1] et, dans un autre tableau plus petit, le même tout armé. Ces deux portraits sont aujourd’hui dans la garde-robe du duc Cosme. Il exécuta également celui d’Alfonso Davalos, marquis del Vasto[2] et celui de Pietro Aretino[3]. Ce dernier le mit en relation avec Frédéric Gonzague, duc de Mantoue, avec lequel Titien, étant allé dans cette ville, fit son portrait qui paraît vivant, ainsi que celui du cardinal, son frère. Ces portraits terminés ; pour orner une chambre, comprise entre celles de Jules Romain, il fit les têtes des douze Césars à mi-corps[4], très belles, sous chacune desquelles Jules représenta ensuite une de leurs actions. À Cadore, sa patrie, Titien laissa un tableau où il se peignit lui-même agenouillé aux pieds de la Vierge et de saint Titien, évêque[5]

L’année que le pape Paul III alla à Bologne, et de là à Ferrare, Titien, ayant suivi la cour, fit un portrait de ce pape[6], qui est une très belle œuvre. Il le reproduisit une deuxième fois pour le cardinal Santa Fiore[7]. Le pape lui paya largement ces portraits dont l’un est à Rome dans la garde-robe du cardinal Farnèse, et l’autre chez les héritiers du cardinal Santa Fiore. On en a fait de nombreuses copies qui sont dispersées en Italie.

Presque à la même époque, Titien peignit Francesco Maria, duc d’Urbin[8]. Ce merveilleux chef-d’œuvre inspira à l’Aretino un sonnet qui commence ainsi :

Se il chiaro Apelle con la man dell’arte
Rassemplo d’Alessandro il volto e il petto.
  1. Au palais Pitti, 1532.
  2. Au Louvre.
  3. Actuellement au Musée d’Arezzo.
  4. Peintures perdues, 1537-1538, de même que les portraits indiqués.
  5. Dans la Pieve de Cadore, sur l’autel de la chapelle Vecelli, dédiée à saint Titien.
  6. Au Musée de Naples ; un autre à Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage.
  7. Ascanio Sforza ; la copie est perdue.
  8. Ainsi que la duchesse Eleonora ; tous deux aux Offices, peints vers 1537.